C’est un appel à davantage de tolérance. Dans PLOS One, des chercheurs britanniques publient les résultats d’un sondage sur la stigmatisation ressentie par les personnes atteintes d’un trouble du spectre autistique. Ces scientifiques, de l’école de psychologie de l’université de Birmingham, constatent que la majorité des personnes interrogées ne se sent pas totalement acceptée par le reste de la population.
Troubles du spectre autistique : une enquête internationale sur la stigmatisation
L’équipe a réalisé son enquête dans huit pays : le Japon, la Belgique, le Canada, le Royaume-Uni, l’Afrique du Sud, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande. Au total, 306 personnes ont répondu à leur questionnaire. Selon les auteurs, il s’agit de la première étude comparative sur les niveaux d'acceptation de l’autisme dans un échantillon interculturel de personnes atteintes d’un trouble du spectre autistique. Selon leurs résultats, les trois quarts des participants à l’étude ne se sentent pas, ou pas toujours, acceptés à cause de leur trouble. Cette acceptation varie selon les pays : les participants du Japon et de la Belgique ont déclaré les niveaux d'acceptation les plus bas, tandis que ceux du Canada, du Royaume-Uni et de l'Afrique du Sud étaient à des niveaux comparativement plus élevés.
Stigmatisation et TSA : des risques pour la santé mentale
"Le fait de ne pas être accepté par la société était lié à des niveaux plus élevés de dépression, tandis que le fait de camoufler ses traits autistiques était lié à des niveaux plus élevés de dépression, d'anxiété et de stress", constatent les auteurs. L'Afrique du Sud est une région où les chercheurs ont constaté des niveaux particulièrement élevés de difficultés de santé mentale chez les participants. Ils estiment que cela pourrait être dû au faible accès à un soutien adapté. "Aux États-Unis, 47 % des adultes souffrant d'une maladie mentale ont eu recours à des services de santé mentale au cours de l'année écoulée, contre seulement 26 % en Afrique du Sud", notent-ils.
Concernant le camouflage, soit le fait de dissimuler le trouble, il était plus fréquent chez les participants japonais. Selon les scientifiques britanniques, cela pourrait pourrait être lié à la "culture collectiviste" japonaise : les individus sont plus habitués à adapter d'autres aspects de leur identité pour correspondre aux normes du groupe.
Autisme : la nécessité d’une meilleure acceptation des personnes concernées
Pour le Dr Connor Keating, auteur principal de l’étude, le fait de déterminer les régions où les personnes atteintes d’un trouble du spectre autistique sont stigmatisées est primordial. Cela permet "d’identifier des zones prioritaires pour les interventions de lutte contre la stigmatisation", mais aussi des lieux où l’accès au services de santé mentale doit être amélioré. "Ces résultats soulignent la nécessité cruciale de lutter contre la stigmatisation de l'autisme et de réduire la pression exercée sur les personnes autistes pour qu'elles dissimulent leur identité", conclut-il.