Le thymus est une glande située dans la partie supérieure du thorax, il est connu pour jouer un rôle crucial dans le développement du système immunitaire de l'enfant. Jusqu'à présent, de nombreux médecins estimaient que cet organe n'avait plus d'utilité à l'âge adulte, en effet il s'atrophie au fil du temps. Toutefois, une étude de 2023, publiée dans The New England Journal of Medicine, fait évoluer les connaissances en démontrant que le thymus est impliqué dans la prévention du cancer ainsi que dans la santé globale.
Le risque de cancer est augmenté par l'absence de thymus
Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont examiné les dossiers de 1.146 patients adultes dont le thymus avait été retiré au cours d'une intervention chirurgicale. Ils les ont comparés à d'autres personnes ayant subi des opérations similaires mais dont l'organe avait été préservé. Les résultats ont montré que les patients n'ayant plus de thymus, présentaient un risque de décès presque trois fois plus élevé que ceux dont le thymus avait été conservé. Plus précisément, ils étaient plus susceptibles de développer un cancer, avec un risque deux fois plus élevé que les autres. Une augmentation plus modeste des maladies auto-immunes a été également observée.
"Cette étude démontre à quel point le thymus est vital pour maintenir la santé des adultes", a expliqué le Dr David Scadden, Gerald and Darlene Jordan Professor of Medicine at Harvard University et Professeur du département de biologie régénérative et des cellules-souches dans un communiqué.
L'ablation du thymus affecterait la production de cellules T
"L'ampleur de la mortalité et du cancer chez les patients ayant subi une thymectomie a été la plus grande surprise pour moi", s'est étonné le premier auteur Kameron Kooshesh, dans le même communiqué. "Plus nous creusions, plus nous en trouvions : les résultats nous ont suggérés que l'absence de thymus semble perturber les aspects fondamentaux de la fonction immunitaire."
Bien que les causes de cette augmentation des cas de cancers et d'autres troubles de santé ne soient pas encore bien claires, les auteurs de l'étude ont conclu que l'ablation du thymus perturbe le système immunitaire. Ils ont notamment remarqué un effet sur les taux de lymphocytes T, également appelés cellules T.
"Dans un sous-groupe de patients chez qui la production de lymphocytes T a été mesurée, ceux dont le thymus avait été retiré, présentaient une production de nouveaux lymphocytes T moindre, y compris pour les lymphocytes T auxiliaires et cytotoxiques. Ces patients avaient également des niveaux plus élevés de cytokines pro-inflammatoires - qui sont de petites protéines associées à l'auto-immunité et au cancer - dans leur sang", notent les scientifiques.
Les résultats de cette étude ouvrent de nouvelles perspectives de recherche dans le domaine de l'immunologie et de la lutte contre le cancer.
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