- En cas de forte chaleur, l'organisme peut déclencher une inflammation.
- Celle-ci dérègle le fonctionnement du système immunitaire.
- Cela peut augmenter le risque de développer certaines maladies, notamment cardiovasculaires.
Transpiration, fatigue, somnolence ou encore épuisement : les fortes chaleurs sont souvent difficiles à supporter, en particulier pour les personnes travaillant à l’extérieur. Toutefois, les températures élevées ont d’autres conséquences, plus difficiles à percevoir. L’American Heart Association présente les résultats d’une étude sur les dérèglements du système immunitaire, liés à l’exposition à la chaleur.
Chaleur et système immunitaire : une inflammation anormale de l’organisme
L’inflammation, provoquée par l’exposition de l’organisme à la chaleur, interfère avec les fonctions normales du système immunitaire dans le corps, ce qui peut augmenter la sensibilité aux infections et accélérer la progression des maladies cardiovasculaires. "L'inflammation est une partie normale des défenses de l'organisme contre les blessures ou une infection, cependant, une réponse inflammatoire qui est longue - des semaines à des mois - ou qui se produit dans les tissus sains est dommageable et joue un rôle clé dans l'accumulation de plaques dans les artères, qui peut conduire à l’athérosclérose, développent les auteurs dans ce communiqué. Les vagues de chaleur sont connues pour favoriser l'inflammation, cependant, les études examinant la température de l'air et les biomarqueurs de l'inflammation ont eu des résultats mitigés."
Dans ces nouveaux travaux, l’équipe de chercheurs a utilisé des mesures alternatives de chaleur, en prenant en compte différents marqueurs de l'inflammation et la réponse immunitaire dans le corps.
Comment observer les effets de la chaleur sur le système immunitaire ?
624 personnes ont participé à cet essai. Pendant les mois estivaux, ils se sont rendus régulièrement sur le lieu de l’étude pour réaliser des tests sanguins. Ensuite, les chercheurs ont fait des analyses pour repérer les marqueurs de la fonction du système immunitaire, puis ils ont comparé ces données avec les niveaux de chaleur. L’équipe a utilisé une mesure appelée Universal Thermal Climate Index (UTCI), qui permet de prendre en compte la température effective.
"Pour chaque augmentation de 5 degrés de l'UTCI (dans cette étude, l'équivalent de passer d'une journée sans contrainte thermique à une journée avec une contrainte thermique modérée), il y a eu une augmentation des niveaux des marqueurs clés de l’inflammation : les monocytes (4,2 %), les éosinophiles (9,5 %), les cellules T tueuses (9,9 %) et le facteur de nécrose tumorale alpha (7 %) dans le sang", observent-ils. L’activation de ces différentes molécules immunitaires indique qu’il y a une réponse inflammatoire rapide et non spécifique dans tout le corps. En parallèle, une baisse des cellules B a été constatée : cela signifie que le système immunitaire adaptatif du corps, qui se souvient de virus et de germes spécifiques et crée des anticorps pour les combattre, a été abaissé. Pour les auteurs, même une faible exposition à ces températures peut avoir des conséquences sur le système immunitaire.
Chaleur et système immunitaire : un enjeu pour les années à venir
"Avec l'augmentation des températures mondiales, l'association entre l'exposition à la chaleur et une réponse temporairement affaiblie du système immunitaire est une préoccupation, souligne Daniel W. Riggs, auteur principal de cette étude. Pendant les jours les plus chauds de l'été, les gens peuvent être plus à risque d'exposition à la chaleur, ils peuvent également être plus vulnérables à la maladie ou à l'inflammation." Les personnes les plus à risque face aux fortes températures sont celles âgées de plus de 60 ans et celles souffrant de maladies cardio-vasculaires.