L’endométriose touche, en France, au moins 1 femme sur 10 en âge de procréer. Ses symptômes et ses conséquences étant très invalidants, il est nécessaire qu’elle soit dépistée au plus vite pour préserver la qualité de vie de la patiente et de son entourage. Les sages-femmes ont alors toute leur place.
Les sages-femmes en première ligne dans le dépistage des pathologies gynécologiques
En 2017, la HAS (Haute Autorité de Santé) a émis des recommandations sur la prise en charge de l’endométriose en mettant en avant le rôle primordial de la sage-femme au même titre que les médecins généralistes. Mais c’est en fait depuis 2009, grâce à la loi HPST (Hôpital, Patients, santé et territoires) que les compétences des sages-femmes ont été élargies en permettant le suivi des femmes en dehors de la grossesse, comme nous l’a confirmé Benoît Legoëdec-Mercantini, qui fait partie des 3 % de sages-femmes « hommes » en France. Comme il le précise : « les cabinets sont remplis de gynécologie (au moins 80 %) actuellement ». Il confirme que « toutes ces compétences nouvelles obligent à se former davantage et à devenir plus pointu pour bien dépister et bien orienter ».
Les sages-femmes sont ainsi placés en première ligne dans le dépistage des pathologies gynécologiques, dont l’endométriose.
Être un sage-femme homme n’est pas gênant
Diplômé quelques années seulement après l’ouverture de la profession au sexe masculin, Benoît Legoëdec-Mercantini est l’un des premiers maïeuticiens de France (la maïeutique est un autre terme pour désigner l’activité des sages-femmes).
Le fait d’être un homme sage-femme peut, bien sûr, être un frein pour les femmes d’un certain âge, peu habituées. Benoît Legoëdec-Mercantini nous l’a confirmé, en tout cas en zone rurale où il exerce. Mais finalement, et dans la majorité des cas, la « parole se libère » et ce d’autant plus qu’il y a « une écoute et une réponse » à leurs problèmes, même dans ce contexte de « masculinité ». En effet, cette « dimension d’écoute et d’accompagnement de la sage-femme est une image bien véhiculée dans la population ».
Un examen gynécologique complet
« L’examen clinique de la sage-femme est gynécologique sous speculum avec un toucher vaginal », comme le gynécologue, mais « avec des précautions car en cas d’endométriose, il est plus douloureux ».
Au niveau des examens complémentaires de dépistage de l’endométriose, « les sages-femmes n’ont pas de limites de prescription », dans le cadre du dépistage. Il précise que « la limite est plutôt sur la prise en charge d’après ou la prescription des traitements ». La ou le sage-femme peut donc prescrire « en 1ère intention d’une échographie, une IRM si nécessaire ». Et Benoît Legoëdec-Mercantini n’oublie pas d’expliquer à ses patientes que tout n’est pas visible sur ces examens.
Parfois il arrive que les sages-femmes prescrivent d’autres examens complémentaires mais après avoir passé la main à un spécialiste qui leur confient alors l’accompagnement.
L’orientation vers des spécialistes de l’endométriose, notamment en radiologie, est très importante pour permettre un diagnostic et une prise en charge rapides et précis, ce que souligne d’ailleurs le sage-femme.
Une évaluation du bien-être, de la douleur et de la qualité de vie
L’endométriose est une maladie chronique responsable de douleurs aiguës et chroniques pendant ou en dehors des règles, pendant les rapports sexuels ou encore au moment de déféquer ou d’uriner. Elle peut provoquer des douleurs pelviennes chroniques, des ballonnements, des nausées et de la fatigue, et parfois une dépression, de l’angoisse et une infertilité. Il est donc primordial de trouver au plus vite des solutions pour soulager les patientes.
C’est dans ce contexte que le ou la sage-femme prend également le temps d’évaluer la qualité de vie et la douleur, mais aussi le retentissement psychologique de la maladie, grâce à ce que délivre oralement les patientes mais aussi grâce à des échelles visuelles analogiques (échelles d’auto-évaluation) adaptées à l’endométriose.
Le ou la sage-femme va passer la main quand il y a un diagnostic avéré même sans examen radiologique, ou alors dès la prescription des examens complémentaires, voire d’un traitement antalgique ou hormonal afin de ne pas retarder le diagnostic précis et le traitement spécifique. Les sages-femmes peuvent en effet prescrire les antalgiques et la plupart des traitements hormonaux contraceptifs qui permettent de traiter les symptômes d’endométriose, en attendant un avis spécialisé qui confirmera le traitement ou en prescrira un autre, parfois chirurgical. Certains médicaments hormonaux et les traitements chirurgicaux ne peuvent en effet pas être prescrits ni effectués par le sage-femme.
Benoît Legoëdec-Mercantini reconnait qu’il est nécessaire de « passer la main en l’absence de diagnostic mais persistance des symptômes ou en cas de diagnostic déjà posé ».
Des pratiques complémentaires efficaces
Même s’il y a un faible niveau de preuve, les femmes atteintes d’endométriose sont souvent soulagées par des moyens alternatifs, comme l’acupuncture, l’EMDR, les exercices de respiration, la méditation, les massages, l’hypnose, la phytothérapie… « afin d’améliorer la qualité de vie et améliorer la gestion de la douleur ».
En ce qui concerne les problèmes d’infertilité, les sages-femmes peuvent, comme les médecins, avoir un rôle d’information et de réassurance, car l’infertilité n’est pas un passage obligé (environ 30 % des cas). Elles peuvent aussi faire un bilan d’infertilité chez la femme (mais malheureusement pas pour l’homme).
Une véritable attention aux conjoints également
Mais la sage-femme ne va pas s’arrêter aux entretiens avec la femme. Elle doit aussi échanger avec l’homme, le compagnon (ou la compagne dans certains cas), concerné par le désir d’enfant mais aussi par rapport à la sexualité souvent perturbée par l’endométriose.
Il faut les rassurer mais aussi les aider à comprendre les phases douloureuses causées par cette pathologie.
Pour en savoir plus, découvrez l’interview dans notre émission « Questions aux experts » :