“Il n’y a pas forcément plus de risques de complications pendant la grossesse lorsque l’on souffre d’endométriose”, nous affirme le Dr Érick Petit, également membre du comité de pilotage de la stratégie nationale contre l'endométriose. “Il peut y en avoir, mais c’est rare, cela arrive dans moins de 1% des cas.”
Grossesse et endométriose : des “phénomènes secondaires rares”
“Il n’y a pas de retard de croissance intra-utérin. Il n’y a pas non plus d’augmentation d’accouchement prématuré, insiste le spécialiste. Cela a été très longtemps le serpent de mer, mais une grande étude publiée dans le JAMA en février 2022, sous l’égide de Louis Marcellin à Cochin-Port-Royal et en collaboration avec notre équipe à Saint-Joseph, montre bien le contraire. Sur plus de 1.350 patientes étudiées de façon prospective, on n’a pas constaté d’accouchement prématuré augmenté.”
“Le reste, ce sont des épiphénomènes, c’est-à-dire qu’il y a parfois des ruptures de kystes endométriosiques, des surinfections, des perforations digestives spontanées, ou encore des hémopéritoines, un phénomène très difficile à expliquer dont on ne connaît pas bien la physiopathologie, mais c'est très rare, tous ces cas sont fort exceptionnels.”
Le médecin rappelle toutefois qu’au départ, il y a un sur-risque de grossesse extra-utérine, parallèlement au risque de fausse couche spontanée, mais une fois de plus, ces évènements restent relativement rares. “Donc finalement, les phénomènes secondaires à l'endométriose pour la grossesse elle-même sont suffisamment rares pour ne pas justifier forcément un suivi accru de la patiente.”
Pendant la grossesse, l’endométriose se met en sommeil
Qui dit grossesse, dit forcément absence de menstruations. On dit alors que l’endométriose se met en sommeil. “La grossesse est le traitement naturel spontané idéal, sourit l’expert. Pendant neuf mois, elles sont bien ! Il faut tout de même savoir que dans 20 % des cas environ, au premier trimestre, il peut y avoir un rebond douloureux qui s’explique par l’environnement hormonal qui n’est pas encore tout à fait optimal, notamment avec l’augmentation du taux d’oestrogènes. Puis après, à la fin du premier trimestre, tout se calme, et donc là, toutes les patientes se sentent beaucoup mieux.”
La grossesse suspend donc le problème pendant neuf mois, et éventuellement après, quand les femmes sont allaitantes. “Tant qu’il n’y a pas de retour de couche, cela continue, mais dès que les règles reviennent, le processus revient car l'endométriose est une maladie chronique inflammatoire et ne s’arrête qu’à la ménopause… Il y a des idées préconçues là-dessus, donc j’insiste, la grossesse ne guérit pas l’endométriose, elle suspend simplement la maladie.”
L’interview complète du Dr Érick Petit dans Question aux Experts est à retrouver sur notre chaîne YouTube :