- Dans l’étude, les scientifiques ont identifié deux molécules immunitaires précédemment associées à la maladie de Lyme.
- En outre, ils ont découvert une protéine produite par les cellules des glandes sudoripares, appelée "sécrétoglobine (SCGB1D2)".
- Cette dernière peut fournir une certaine protection contre la maladie de Lyme, qui est transmise par les tiques infectées par la bactérie Borrelia burgdorferi.
En France, environ 50.000 cas de maladie de Lyme sont diagnostiqués en médecine générale et 800 hospitalisations sont enregistrées par an. Pour rappel, cette pathologie est transmise lors d’une morsure de tiques infectées par la bactérie Borrelia burgdorferi. "Si la plupart des personnes touchées réagissent aux antibiotiques classiques, d'autres développent une infection grave qui nécessite un traitement antibiotique plus fort et peut entraîner une maladie chronique. (…) Les facteurs de l'hôte qui modulent la susceptibilité à la maladie de Lyme restent pour la plupart inconnus", ont indiqué des scientifiques des universités de Tartu (Estonie), d’Helsinki (Finlande et du Massachusetts Institute of Technology (États-Unis). C’est pourquoi ils ont réalisé une étude parue dans la revue Nature Communications.
Une protéine produite par les cellules des glandes sudoripares a été associée à la maladie de Lyme
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont utilisé un ensemble de données finlandais contenant les séquences génomiques de 410.000 personnes ainsi que des informations détaillées sur leurs antécédents médicaux. Parmi elles, environ 7.000 adultes ont reçu un diagnostic de maladie de Lyme. Cela a permis à l’équipe de rechercher des variantes génétiques plus fréquemment trouvées chez les personnes ayant eu cette pathologie que chez celles qui ne l'avaient pas été. L’équipe a découvert deux molécules immunitaires précédemment associées à la maladie de Lyme. Cependant, l’identification de la sécrétoglobine, appelée SCGB1D2, a été une surprise. Cette protéine est produite principalement par les cellules des glandes sudoripares, qui sécrètent la sueur.
Les souris exposées à la version normale de la protéine "n’ont jamais été infectées"
Pour découvrir comment cette protéine pourrait influencer la maladie de Lyme, les auteurs ont créé des versions normales et mutées de SCGB1D2 et les ont exposées à la bactérie Borrelia burgdorferi cultivée en laboratoire. Ils ont observé que la version normale de la protéine inhibait de manière significative la croissance de Borrelia burgdorferi. Cependant, lorsqu’ils ont exposé les bactéries à la version mutée, il a fallu deux fois plus de protéines pour réduire la croissance bactérienne.
Lors d’une expérience, les souris ayant reçu une injection de bactéries exposées à la protéine mutante ont été infectées par la maladie de Lyme, mais ce n’était pas le cas des rongeurs ayant reçu une injection de bactéries exposées à la version normale de SCGB1D2. "Nous montrons qu’elles sont restées en bonne santé jusqu’au dixième jour, mais nous avons aussi suivi les souris pendant plus d’un mois et elles n’ont jamais été infectées. Ce n’était pas un retard, c’était un arrêt complet", a précisé Michal Caspi Tal, co-auteur des recherches.
Un déplacement de l’acide aminé proline vers la leucine
Pour l’heure, les scientifiques ne savent pas encore exactement comment SCGB1D2 inhibe la croissance bactérienne, ni pourquoi la version mutée est moins efficace. Néanmoins, ils ont constaté que la mutation provoque un déplacement de l’acide aminé proline vers la leucine, ce qui peut interférer avec la formation d’une hélice trouvée dans la version normale. Désormais, l’équipe envisage d’étudier si l’application de la protéine sur la peau de souris, qui ne produisent pas naturellement SCGB1D2, pourrait les empêcher d’être infectées par Borrelia burgdorferi. Elle prévoit également d’explorer le potentiel de cette protéine comme traitement des infections qui ne répondent pas aux antibiotiques.