En France, 21,4 % des accouchements se font par césarienne, selon la dernière enquête nationale périnatale 2021. Parmi les raisons rapportées dans la littérature scientifique, on retrouve un âge maternel plus élevé, le nombre de grossesses multiples en raison des techniques de procréation médicalement assistées, la prématurité, la macrosomie (poids du bébé supérieur à 4 kg), l’augmentation de l’indice de masse corporelle de la mère, et les antécédents de césarienne. Quid des femmes souffrant d’endométriose ?
Accouchement : “un petit sur-risque” de recourir à la césarienne
“Elles en ont un peu plus, affirme le Dr Érick Petit. Notamment parce qu’il y a aussi un sur-risque au troisième trimestre de placenta praevia, donc d’anomalie d’insertion placentaire, surtout chez les femmes qui ont des formes sévères d’endométriose et qui ont été opérées. Plus précisément, quand il y a eu une intervention chirurgicale sévère, notamment chez les patientes qui ont une résection anastomose du rectum bas ou une atteinte vaginale, ou les deux, il faut être méfiant, et souvent, la césarienne est une précaution nécessaire pour éviter des complications graves.”
Que les femmes se rassurent, car en dehors de ces cas de figure-là, il y a juste “un petit sur-risque” de recourir à la césarienne. “Le plus souvent, l’accouchement se fait spontanément par voie basse.”
Comment se passe le post-partum d’une femme souffrant d’endométriose ?
“Le post-partum se passe bien, nous dit le médecin. Évidemment, quand les règles repartent, la maladie reprend.” À ce titre, les femmes qui ont la possibilité et le souhait d’allaiter peuvent avoir un retour de couches plus tardif, leur permettant de profiter de ce “confort” sans les menstruations.
“Ensuite, on leur propose de reprendre un traitement hormonal en continu pour éviter de déclencher la réactivation de l’endométriose. Pour celles qui ne veulent pas de traitement, qui veulent attendre un peu pour voir comment la suite va se passer, on peut aussi, mais cela dépend de la gravité de l’endométriose. Puis, on peut le remettre en fonction de l’évolution des symptômes cliniques qui en général repartent, avec des règles douloureuses, éventuellement des rapports douloureux et ainsi de suite… Donc à ce moment-là, on retraite progressivement. Cela se fait à la carte en fonction de chacune, parce que toute femme a une endométriose différente de la voisine. Il y a quasiment autant de cas que de femmes. C’est ce qu’on a l'habitude de dire dans notre milieu d’experts, donc tout se discute au cas par cas, y compris avant et pendant la grossesse.”
Certaines femmes sont de nouveau enceintes, mais de façon spontanée, alors qu’on avait été obligé de les aider par la PMA avec la FIV pour le premier.
Par ailleurs, avoir des difficultés pour concevoir un premier enfant ne signifie pas forcément que ces difficultés seront de nouveau présentes pour un second bébé. “Effectivement, cela dépend ! Certaines femmes sont de nouveau enceintes, mais de façon spontanée alors qu’on avait été obligé de les aider par la PMA avec la FIV pour le premier. La prédiction de la grossesse, de la conception et des chances d'être enceintes spontanément sont toujours très difficiles à évaluer. On ne peut jamais se permettre de donner un pronostic formel, définitif, à une patiente qui a une endométriose, quel que soit son degré d’atteinte d’ailleurs.”
“Il faut bien le redire, le certifier. Il ne faut surtout pas prononcer de mots définitifs vis-à-vis de la procréation. Tout peut très bien se passer une deuxième fois, mais cela peut aussi être plus difficile. Tout dépend également de l’âge de la patiente. Il est évident qu’on sera plus vigilant à 39 ans qu’à 29 ans. Donc, si la patiente était déjà enceinte tardivement après des difficultés, on ne tardera pas à la remettre en PMA et en FIV après, en tout cas, à programmer les choses comme telles. Et si jamais elle est enceinte spontanément, ce qui arrive régulièrement, le processus s’annule.”
L’interview complète du Dr Érick Petit dans Question aux Experts est à retrouver sur notre chaîne YouTube :