"La recherche sur le microbiome humain suggère un lien étroit entre le microbiome intestinal, le cerveau et les yeux", explique Pallavi Sharma, étudiante diplômée du laboratoire de Van Kley qui a présenté ses travaux lors de la réunion annuelle de l’American Society for Biochemistry and Molecular Biology organisée à San Antonio du 23 au 26 mars 2024.
"Toute altération du microbiome intestinal affecte d’autres organes et peut entraîner des maladies. Par conséquent, nous essayons d’identifier des modèles de déséquilibre entre les types de microbes présents dans le microbiome oculaire d’une personne ayant différents problèmes de santé". Sa recherche montre que le microbiote des yeux est différent chez les individus souffrant de sécheresse oculaire.
Sécheresse oculaire : davantage de bactéries Acinetobacter
Pour cette étude, l'équipe a collecté des échantillons oculaires de 30 volontaires à l’aide d’un écouvillon. Elle a ensuite utilisé une technologie de séquençage avancée pour établir les différences entre les microbes présents chez les personnes ayant des yeux sains et ceux observés chez les patients souffrant de sécheresse oculaire.
L’analyse a montré que les espèces de bactéries Streptococcus et Pedobacter étaient les microbes les plus répandus dans les yeux sains. Les malades touchés de sécheresse oculaire comptaient pour leur part davantage d’espèces d’Acinetobacter dans leur microbiome. "Nous pensons que les métabolites produits par ces bactéries sont responsables de la sécheresse oculaire", explique Pallavi Sharma dan un communiqué.
"Nous effectuons des recherches plus approfondies pour comprendre les voies métaboliques associées à l'Acinetobacter afin de mieux comprendre la maladie", ajoute l’experte. Elle espère à terme que cette recherche aide à mieux connaître certaines maladies oculaires et à développer de meilleurs traitements.
Sécheresse oculaire : un lien avec le microbiote intestinal ?
"Une fois que nous comprendrons correctement le microbiote oculaire, cela améliorera le diagnostic de la maladie à un stade précoce", assure Alexandra Van Kley, chef de l'équipe de recherche. Ces connaissances peuvent également servir de catalyseur pour développer des thérapies innovantes visant à prévenir et à traiter les maladies oculaires ainsi que celles qui affectent le site central du microbiome : l’intestin."
Pour mieux comprendre le lien entre les différents microbiotes de l’organisme, les chercheurs aimeraient étudier également le microbiome intestinal des patients souffrant de sécheresse oculaire. Ils veulent voir si ce dernier peut aider à comprendre les différences microbiennes oculaires observées chez les personnes en bonne santé et celles ayant les yeux très secs.