On les connaît davantage sous les noms d’Oflocet, Ciflox ou Tavanic. Les fluoroquinolones, des antibiotiques indiqués dans le traitement d’infections bactériennes, sont soupçonnés d’avoir provoqué des "effets indésirables anormaux" chez une vingtaine de patients, qui évoquent un scandale sanitaire.
C’est ce qu’a rapporté cette semaine RMC, alors que le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "blessures involontaires et tromperie" après les plaintes contre X ou des médecins déposées ces dernières années par les victimes présumées.
Les effets indésirables graves voire irréversibles des fluoroquinolones
"Les fluoroquinolones sont une classe d’antibiotiques qui peuvent être utilisés lors d’infections bactériennes graves" depuis des dizaines d’années, écrit l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Elles peuvent entraîner des effets indésirables graves, durables voire irréversibles tels que des troubles neurologiques, des atteintes des nerfs, des tendons, des troubles cardiaques... Du fait de la prise de fluoroquinolones, certaines personnes "sont polyhandicapées à vie, reconnue comme telle par les maisons du handicap", affirme Philippe Coville, lui-même atteint de neuropathies consécutives à la prise de ces antibiotiques et président d’une association d'aide sur le sujet, au micro de France Info.
Déplorant que ces antibiotiques soient prescrits trop souvent pour des infections bénignes (cystites, sinusites...), l’ANSM avait d’ailleurs rappelé aux médecins l’an dernier qu’ils devaient réserver leur utilisation à des infections sévères. Elle déconseille notamment d’en prescrire aux personnes qui vont voyager en prévention de la "tourista", souligne France Info. Selon une association de patients citée par le média, pas moins de six millions de prescriptions en infraction avec les recommandations médicales ont été faites depuis quatre ans.
Une baisse du nombre de prescriptions de fluoroquinolones depuis 2015
Grâce notamment à des notes d'information transmises aux professionnels mentionnant les précautions à prendre, le nombre de prescriptions de fluoroquinolones a diminué de 39 % entre 2015 et 2022, d'après le ministère de la Santé. Reste que si l’ANSM peut signaler ces médicaments, seuls la justice ou l’Ordre des médecins peuvent prendre des sanctions.
Pour limiter les risques, selon le quotidien Midi Libre, l’agence du médicament envisage toutefois de mettre au point une nouvelle procédure de contrôle : une sorte d’attestation de consentement aux risques de ces antibiotiques que chaque patient concerné devrait signer.