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Santé et environnement

Pesticides : des centaines de soignants dénoncent le "déni des connaissances scientifiques"

Par Alexandra Wargny Drieghe

De nombreux soignants appellent les autorités à ne pas ignorer les expertises scientifiques existantes concernant “le rôle des pesticides sur l’effondrement de la biodiversité et leur impact sur la santé humaine”.

fotokostic/Istock
L’association Alerte des médecins sur les pesticides (AMLP) a lancé un appel à l’action aux professionnels de santé “pour qu’ils prennent toute leur part dans ce combat pour la préservation du vivant”, ce jeudi 28 mars 2024.
En cause selon l'AMLP : “C’est la « pause » dans tous les domaines : le plan Écophyto, la sauvegarde des zones humides et des jachères remise en cause, l’Anses [Agence nationale de sécurité sanitaire] et l’OFB [Office français de la Biodiversité] victimes d’une tentative de muselage."
Les soignants demandent aux autorités 5 mesures urgentes pour réduire l'impact des pesticides sur la santé : la protection des fœtus, une politique alimentaire “qui n’ignore plus le risque toxique”, l’application pleine et entière de la réglementation européenne sur les pesticides, la protection des riverains dans les zones d’agriculture intensive et la reconnaissance des préjudices subis par les professionnels de l’agriculture.

Rappeler que les connaissances scientifiques ne peuvent être balayées d’un revers de main est indispensable.” L’association Alerte des médecins sur les pesticides (AMLP) a lancé un appel à l’action aux professionnels de santépour qu’ils prennent toute leur part dans ce combat pour la préservation du vivant”, ce jeudi 28 mars 2024. L’objectif ? Interpeller le gouvernement pour qu’il prenne en compte les données scientifiques existantes concernant les impacts néfastes des pesticides sur la santé et l’environnement dans leurs décisions politiques.

5 mesures urgentes pour réduire l'impact des pesticides sur la santé

C’est la « pause » dans tous les domaines : le plan Écophyto, la sauvegarde des zones humides et des jachères remise en cause, l’Anses [Agence nationale de sécurité sanitaire] et l’OFB [Office français de la Biodiversité] victimes d’une tentative de muselage”, dénonce le collectif de soignants dans le communiqué “One Health” [une seule santé, ndlr], relayé par l’association Générations Futures.

Parmi les demandes les plus urgentes, ils notent :

- la protection des fœtus, en prescrivant des “ordonnances vertes” afin de rendre "accessible l’alimentation bio au moins pendant la grossesse sous peine d’accroître encore les inégalités sociales de santé" ;

- une politique alimentaire “qui n’ignore plus le risque toxique” et “qui prend en compte la nécessité de diminuer nos apports de viande” ;

- l’application pleine et entière de la réglementation européenne sur les pesticides, qui doit “concerner en premier lieu la protection des agriculteurs” ;

- la protection des riverains dans les zones d’agriculture intensive, notamment en repoussant les distances limites d’épandage de produits phytosanitaires autour des habitations et des écoles ;

- la reconnaissance des préjudices subis par les professionnels de l’agriculture, en étendant notamment “la liste des pathologies reconnues par le tableau des maladies professionnelles à celles dont les niveaux de preuve sont estimés conséquents par l’INSERM”.

Leucémies, Parkinson… de nombreuses pathologies associées aux pesticides

En octobre 2023, le président d’AMLP, le Dr Pierre-Michel Périnaud, nous signalait déjà “un faisceau de preuves très important sur la toxicité du glyphosate”. Dans ce communiqué, l’association précise à ce titre que l’Inserm a montré dans deux expertises, la première en 2013 et la seconde en 2021, que 18 pathologies “dont des cancers du sang et des maladies neurodégénératives telles que la maladie de Parkinson sont associées à l’exposition aux pesticides des professionnels” du monde agricole. “Chez leurs enfants après exposition pendant la grossesse, leucémies, tumeurs du système nerveux central et malformations congénitales, sont quelques unes des pathologies pour lesquelles le niveau de preuve est le plus élevé”, ajoutent-ils. Les enfants des riverains ne sont également pas épargnés, avec “des troubles du neuro-développement et une augmentation du risque de leucémies et de tumeurs neuro-embryonnaires en fonction de la densité de vigne à proximité du domicile”. Enfin, pour la population générale, les soignants rappellent que “les risques des perturbateurs endocriniens font consensus : ils vont des troubles de la fertilité, aux troubles métaboliques (surpoids et diabète) en passant par les cancers hormono-dépendants et les troubles du neuro-développement. Et cela pour des expositions à très faibles doses lors de périodes particulières de la gestation”.

Ils concluent : “C’est aujourd’hui l’ensemble du vivant qui est menacé par l’usage inconsidéré des pesticides. C’est par une alliance avec le monde agricole, indispensable pour mettre en œuvre cette politique sanitaire, que nous voulons préserver la santé des écosystèmes dont nous faisons partie. Les professionnels de santé ont un rôle à jouer, avec les autres composantes du milieu associatif, pour s’opposer à cette politique qui repose sur un déni des connaissances scientifiques. Alerte des médecins sur les pesticides (AMLP) les appelle à se rassembler pour mener ces combats.

Au 29 mars, 953 professionnels de santé ont répondu à l’appel de mobilisation.