Au Canada, en Australie, et même au Royaume-Uni, il existe ce que les médecins appellent des “prescriptions nature”. Pour soigner un trouble, les professionnels de santé conseillent à leur patient de passer plus de temps dehors, au contact d’un environnement naturel. Et pour cause, de nombreuses études ont mis en avant les bienfaits du grand air : des os plus solides pour les enfants, un ralentissement des maladies d’Alzheimer et de Parkinson pour les personnes âgées, et même un vieillissement plus lent de l’organisme lorsque l'on vit à proximité d’espaces verts… À cette liste -bien plus longue que ces exemples cités- s’ajoute une nouvelle étude publiée début mars dans la revue Environmental Health Perspectives, qui montre une association entre les personnes vivant dans des zones vertes et un risque moindre de développer de l’hypertension artérielle (HTA), une affection responsable d’un grand nombre de décès prématurés dans le monde.
HTA et espaces verts : plus de 120.000 personnes étudiées pendant 15 ans
“Il existe peu d’études sur les effets sur la santé d’une exposition à long terme à la verdure des quartiers dans un contexte longitudinal, en particulier dans les pays asiatiques à forte densité de population”, expliquent en préambule les auteurs de la recherche.
Pour réaliser leurs travaux, ils ont étudié les données médicales de 123.537 volontaires vivant à Taïwan, entre 2001 et 2016. Un indice de végétalisation à partir des images satellites du petit État insulaire situé à l’est de la Chine a été créé pour estimer la verdure des quartiers. Les chercheurs ont ensuite utilisé le principe du modèle de Cox pour étudier l'association entre la verdure du lieu de vie des volontaires et l’hypertension incidente. “Des analyses de médiation ont été effectuées pour examiner si l’association était expliquée par la pollution de l’air, l’exercice physique pendant les loisirs ou l’indice de masse corporelle (IMC)”, ajoutent les scientifiques.
Les espaces verts ont un impact positif sur la tension artérielle
Résultat : les personnes qui vivaient dans un quartier plus vert avaient moins de risque de développer de l’hypertension “avec des rapports de risque et un niveau de confiance de 95 %”. Plus précisément, chaque augmentation de 0,1 point de l’indice de végétalisation du quartier était associée à une réduction de 24 % du risque de développer ce trouble de la pression artérielle. Les analyses ont également révélé que cette association était plus marquée chez les hommes que chez les femmes, et chez les personnes ayant un niveau d’éducation supérieur au lycée. “Cette association était légèrement médiée par l'IMC mais pas par la pollution de l'air ou l'exercice physique pendant les loisirs”, complètent les auteurs. En effet, leur découverte suggère également qu’un IMC trop élevé pouvait atténuer les effets bénéfiques de l’exposition à la verdure.
“Nos résultats ont renforcé l’importance de la verdure des quartiers pour soutenir la santé”, conclut le groupe d’experts qui souhaite maintenant réaliser d’autres recherches pour comprendre d’où vient cette association entre la verdure et l’hypertension.