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Neurologie

L’IRM le plus puissant du monde a livré ses premières images de cerveau humain

Par Stanislas Deve

Le scanner IRM le plus puissant du monde a cartographié pour la première fois le cerveau humain. Sa précision hors normes ouvre la voie à une meilleure compréhension des maladies neurologiques et psychiatriques.

Chinnapong / istock
Après plus de vingt ans de recherches, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a présenté ce mardi les premières images de cerveaux humains obtenues par l’IRM le plus puissant du monde, baptisé Iseult.
Il a fallu "seulement quatre minutes" à l’aimant hors normes pour pouvoir imager les premières coupes anatomiques de cerveaux, avec une résolution dix fois plus précise que celle des machines IRM en service dans les hôpitaux.
Grâce à des résolutions aussi fines, il sera "possible d’accéder à des informations sur les neurones jusque-ici inatteignables", et de mieux comprendre le fonctionnement des maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer...) ou psychiatriques.

Après plus de vingt ans de recherches, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a présenté ce mardi les premières images de cerveaux humains obtenues par l’IRM (imagerie par résonance magnétique) le plus puissant du monde, baptisé Iseult. Ces derniers mois, une vingtaine de volontaires sains ont pu entrer dans l’antre de la machine, installée sur le plateau de Saclay en région parisienne, pour être passés à la loupe.

Un IRM dix fois plus puissant que les machines actuelles dans les hôpitaux

Il a fallu "seulement quatre minutes" à l’aimant hors normes pour pouvoir imager les premières coupes anatomiques de cerveaux, avec une précision jamais égalée. "On peut voir les tout petits vaisseaux qui alimentent le cortex cérébral, ou des détails du cervelet qui étaient quasi invisibles jusqu’alors", s’est réjoui Alexandre Vignaud, directeur de recherche au CEA, auprès de l’AFP.

Le champ magnétique de ce scanner exceptionnel atteint en effet 11,7 T (tesla), ce qui permet d’obtenir une résolution dix fois plus précise que celle des machines IRM en service dans les hôpitaux, dont la puissance est située entre 1,5 et 3 T. "A titre de comparaison, pour un même résultat d’image, il faudrait théoriquement plusieurs heures sur un IRM classique, irréaliste pour le confort du patient et parce que ses mouvements ‘brouilleraient’ l’image", peut-on lire dans un communiqué du CEA. Comme ses capacités, les dimensions d’Iseult sont tout simplement "extraordinaires" : un cylindre de 132 tonnes, 5 mètres de long et 5 de haut, avec une ouverture de 90 cm pour permettre le passage de tout un corps humain.

Mieux comprendre les maladies neurodégénératives et psychiatriques

Grâce à des résolutions d’images aussi fines, il sera "possible d’accéder à des informations sur les neurones jusque-ici inatteignables", et de comprendre comment notre cerveau encode nos représentations mentales, nos apprentissages ou encore la réalisation de certaines tâches de la vie quotidienne comme la lecture d’un livre. A terme, le scanner nouvelle génération pourrait même aider la science à "découvrir quelles sont les signatures neuronales de l’état de conscience", selon le CEA.

Iseult pourra également avoir des applications en recherche médicale, en permettant de mieux comprendre le fonctionnement des maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer...) ou psychiatriques (schizophrénie, troubles bipolaires...) et ainsi mieux les diagnostiquer. Le scanner facilite en effet la détection de signaux faibles, comme par exemple celui du lithium, un médicament utilisé pour traiter la schizophrénie et les troubles bipolaires : il sera ainsi possible d’évaluer précisément sa distribution dans le cerveau et de mieux comprendre son efficacité.