En France, près de 10 millions de personnes souffrent d'arthrose, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Cette pathologie est liée à la destruction du cartilage d’une ou plusieurs articulations, entraînant des douleurs importantes. L'arthrose est une maladie invalidante, d'autant plus qu’il n’existe actuellement aucun traitement curatif pour cette pathologie. Les solutions proposées aux patients permettent seulement de soulager la douleur et d'améliorer leurs conditions de vie.
Arthrose : comprendre son origine pour mieux la traiter
Cependant, des chercheurs ont trouvé une piste intéressante qui pourrait mener au développement de traitements contre l’arthrose. Les travaux ont été publiés dans la revue Science Advances. "Sans une meilleure compréhension de ce qui est à l’origine et de ce qui permet la progression de l'arthrose, [il est difficile de développer] un traitement efficace, indique Johanna Bolander, l’une des chercheuses à l'origine de l'étude, dans un communiqué. Au départ, nous avons étudié [les problèmes] des articulations touchées par l'arthrose, (...) et nous avons utilisé ces informations pour développer un traitement cellulaire par immunothérapie." Le principe de l’immunothérapie est de cibler les cellules immunitaires du patient pour qu'elles se défendent contre les agents pathogènes.
Chez les personnes souffrant d’arthrose, lorsqu'il y a une lésion traumatique, elle entraîne une inflammation de la membrane synoviale (le tissu recouvrant la surface interne de l'articulation et qui joue un rôle protecteur chez les personnes non atteintes) ainsi que des lésions du cartilage. "Avec le temps, l'inflammation s'aggrave, ce qui entraîne une dégradation du cartilage qui tapisse les os articulaires et une inflammation chronique des tissus environnants, précise Gary Poehling, un autre chercheur. Pour les patients, cela provoque une douleur intense, un gonflement et limite souvent les activités quotidiennes."
Une thérapie combinant deux types de cellules
Au cours de leur étude, les chercheurs ont voulu comprendre ce qui entrave la guérison chez les patients souffrant d’arthrose. Ils ont donc isolé les cellules du liquide articulaire de personnes souffrant d’arthrose et ont observé que, isolées du fluide articulaire, elles pouvaient supporter les processus nécessaires à la réparation fonctionnelle des tissus. En revanche, lorsque les scientifiques ont ajouté du liquide articulaire, les capacités des cellules se sont altérées. Autrement dit, c’est le liquide qui provoque l’inflammation et non les cellules.
Les chercheurs ont donc utilisé cette découverte pour développer une nouvelle thérapie cellulaire injectable combinant deux types de cellules : celles qui ciblent et réduisent l’inflammation et celles qui régénèrent le cartilage. "C'est vraiment la communication dynamique entre ces deux populations cellulaires qui est cruciale pour l'efficacité du traitement", ajoute Anthony Atala, l’un des auteurs de l'étude. Les premiers résultats sont convaincants : les experts ont observé que cette thérapie réduit l’inflammation et guérit les lésions du cartilage dans la membrane synoviale.
Des essais complémentaires doivent être menés pour confirmer ce résultat qui, à terme, pourrait déboucher sur un premier traitement contre l’arthrose, un espoir pour les nombreuses personnes atteintes. Selon l’Inserm, 65 % des plus de 65 ans souffrent de cette maladie.