Santé publique France dresse le tableau de l’épilepsie en France dans une nouvelle étude publiée le 4 avril 2024. Et met en lumière des inégalités sociales et territoriales dans la prévalence de cette maladie neurologique chronique.
Épilepsie : près de 700.000 personnes en sont atteintes en France
La France comptait 685.122 personnes épileptiques traitées au 1er janvier 2020. 41 % d’entre elles avaient été hospitalisées et 29 % avaient un statut d’affection longue durée. La prévalence de la pathologie est ainsi de 10,2 pour 1.000 habitants, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. "Elle est similaire à celle observée aux Etats-Unis et en Angleterre. À titre de comparaison, la prévalence était de 12 pour 1.000 aux Etats-Unis en 2015, et de 6,0 pour 1000 habitants au Japon et 9,4 pour 1.000 habitants au Royaume-Uni en 2019", ajoute Santé Publique France.
Par ailleurs, elle augmente avec l’âge. "Pour les hommes, elle augmente progressivement de 2,6 à 8,7 pour 1.000 habitants entre 40 et 44 ans puis plus fortement après 65 ans pour atteindre 20 pour 1.000 habitants à 80 ans. Pour les femmes, on observe une croissance similaire avec une prévalence légèrement plus élevée autour de 12 pour 1.000 habitants entre 45 et 74 ans, puis une forte hausse ensuite, comme chez les hommes." Selon les experts, la prévalence de la maladie augmente “plus tôt” chez les hommes en raison de leurs comorbidités, notamment cardiovasculaires, "et en particulier les accidents vasculaires cérébraux, qui sont une cause d’épilepsie et surviennent plus tôt chez les hommes".
Épilepsie : des disparités sociales et territoriales importantes
L'âge ne serait pas le seul élément qui influence la prévalence selon le rapport de Santé Publique France. Il révèle également de fortes inégalités territoriales entre les Français. Les habitants des départements du Nord et ceux situés le long d’une diagonale nord-est−sud-ouest, incluant notamment les départements du Massif Central, sont les plus touchés. Les cas sont également nombreux en outre-mer, notamment à La Réunion (13,3 pour 1.000). Pour les experts, "la fréquence des comorbidités cardiovasculaires" et "la précarité socio-économique de ces territoires" peuvent expliquer en partie ces prévalences plus élevées.
Autre élément préoccupant : la prévalence augmente aussi avec les inégalités sociales. Les données révèlent "une différence de 42 % entre le quintile le plus défavorisé (10,1 cas pour 1.000 habitants) par rapport au moins défavorisé (7,1 cas pour 1.000 habitants)". Pour les experts, cette hausse des cas parmi les personnes en difficultés pourrait s’expliquer "par l’exposition à des toxiques intra-utero et pendant la petite enfance et à la pollution". Par ailleurs, ils rappellent aussi que "la stigmatisation, les effets secondaires du traitement de l’épilepsie et les comorbidités associées peuvent conduire à une plus grande difficulté à trouver ou conserver un emploi pour les personnes malades voire à une baisse de revenus".