- La génétique joue un rôle dans l’apparition de l’obésité.
- Des variantes génétiques présentes dans deux gènes pourraient augmenter les risques de souffrir d’obésité.
- Les chercheurs britanniques ont observé que certaines variations sont liées à l’obésité à l’âge adulte et non à l’obésité infantile.
Près d’un Français sur deux serait concerné par l’obésité ou le surpoids, selon l’Inserm. Cette accumulation anormale ou excessive de graisse présente des dangers pour la santé, car elle constitue un facteur de risque important pour les maladies cardiovasculaires et le diabète type 2.
La découverte d’un nouveau mécanisme biologique de l’obésité
Différentes causes peuvent favoriser l’apparition de l’obésité. Des facteurs génétiques contribuent parfois au développement de ce trouble. Les enfants de parents obèses sont, par exemple, plus susceptibles de développer un surpoids. Dans une récente étude publiée dans la revue Nature Genetics, des chercheurs de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) ont identifié des variantes génétiques dans deux gènes, BSN et APBA1, qui pourraient augmenter les risques d’obésité à l’âge adulte.
Pour les besoins de cette recherche, les chercheurs ont analysé des bases de données, comme celle de la UK Biobank. Ils ont également travaillé en étroite collaboration avec le laboratoire AstraZeneca dans l’objectif de reproduire leurs résultats dans des cohortes existantes en utilisant des données génétiques provenant d'individus du Pakistan et du Mexique. Cette collaboration a permis d’appliquer leurs conclusions à d’autres populations que celles d’ascendance européenne.
Les scientifiques ont pratiqué le séquençage de l'exome entier de l'indice de masse corporelle (IMC) auprès de 500.000 personnes. Ils ont alors été en capacité de déceler des variantes génétiques rares susceptibles d’être à l’origine des différentes pathologies, dont l’obésité.
Variantes génétiques : un risque multiplié par six de souffrir d’obésité
D’après les résultats, les variantes génétiques du gène BSN, également connu sous le nom de Bassoon, peuvent multiplier par six le risque d’obésité. Les chercheurs ont aussi observé que ces variantes sont corrélées à un risque accru de stéatose hépatique non alcoolique et de diabète de type 2. "Nous avons identifié deux gènes dont les variantes ont l'impact le plus profond sur le risque d'obésité au niveau d'une population que nous ayons jamais vu, mais le plus important à préciser est que la variation de Bassoon est liée à l'obésité à l'âge adulte et non à l'obésité infantile. Ces résultats nous donnent donc une nouvelle appréciation de la relation entre l'obésité chez l'enfant et l'obésité chez l’adulte", a souligné le professeur Giles Yeo, auteur de l’étude et chercheur au Medical Research Council (MRC) de l’université de Cambridge.
À la suite de ces conclusions, les responsables des travaux ont estimé que la neurodégénérescence liée à l’âge pourrait impacter le contrôle de l’appétit. "Ces résultats constituent un autre exemple de la capacité des études génétiques à grande échelle sur les populations humaines à améliorer notre compréhension des bases biologiques de la maladie. Les variantes génétiques que nous identifions dans le BSN confèrent certains des effets les plus importants sur l'obésité, le diabète de type 2 et la stéatose hépatique observés à ce jour et mettent en évidence un nouveau mécanisme biologique régulant le contrôle de l’appétit", a déclaré le professeur John Perry, auteur de l'étude et chercheur du MRC à l'université de Cambridge.
À l’avenir, l’équipe souhaite étendre ses recherches, afin de mieux comprendre la biologie neuronale de l’obésité, ce qui permettrait de cibler des traitements potentiels permettant de lutter contre ce trouble à l’âge adulte.