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Syndrome d'alcoolisation fœtale

Grossesse : même modérée, la consommation d'alcool est liée à des anomalies congénitales

Par Joséphine Argence

L’alcool est à proscrire totalement lorsque l’on attend un enfant. Même l’ingestion d’une petite quantité peut avoir des effets délétères sur le fœtus, selon une nouvelle étude américaine. 

stefanamer/IStock
MOTS-CLÉS :
La consommation d’alcool doit être proscrite durant toute la durée de la grossesse et de l’allaitement.
L’alcool ingéré par la femme enceinte passe directement dans le sang du bébé, et peut favoriser un retard des acquisitions du langage, de l’écriture, de la motricité fine ainsi que des troubles du comportement.
Une absorption d’alcool, même faible ou modérée, peut engendrer des anomalies congénitales, selon une étude américaine.

À l’instar de la charcuterie ou des fromages non pasteurisés, la consommation d’alcool est déconseillée pendant une grossesse. L’alcool absorbé par la future maman traverse facilement la barrière du placenta, et peut occasionner un retard des acquisitions du langage, de l’écriture, de la motricité fine ainsi que des troubles du comportement. De graves complications, comme des malformations et un retard de croissance, peuvent survenir en cas de consommation excessive d’alcool pendant la grossesse.

Les risques d’une consommation modérée d’alcool sur le développement prénatal des bébés

Mieux vaut donc cesser l’alcool durant toute la durée de la grossesse et de l’allaitement pour préserver la santé de son bébé. Pour appuyer cette recommandation, des chercheurs de l’Université du Nouveau-Mexique ont récemment affirmé qu’une consommation d’alcool faible ou modérée pourrait aussi engendrer des changements dans le développement prénatal des bébés, tels qu’une durée de gestation plus courte et une taille à la naissance plus petite que la moyenne. Ces travaux ont été publiés dans la revue Alcohol Clinical & Experimental Research.

Les scientifiques ont recruté 281 participantes enceintes, dont la majorité vivait le deuxième trimestre de grossesse, sur une période de dix ans. "Le début de la grossesse est une période critique pour la formation des organes du fœtus, ce qui en fait un moment particulièrement vulnérable pour l'exposition à l’alcool (…) Nous avons examiné attentivement les habitudes de consommation d'alcool au moment de la conception et au début de la grossesse. La plupart des participantes ont considérablement réduit leur consommation d'alcool ou l'ont complètement arrêtée lorsqu'elles ont appris qu'elles étaient enceintes. Cependant, même en cas de réduction de la consommation d'alcool, certains déficits ont été observés chez les nourrissons des deux sexes", a décrit  Ludmila Bakhireva, professeure et doyenne adjointe pour la recherche clinique et translationnelle au Collège de pharmacie de l’Université du Nouveau-Mexique.

Alcool et grossesse : des effets différents en fonction du sexe du bébé

Au cours de l’étude, l’équipe américaine a aussi établi un autre constat : les effets de la consommation d’alcool sur le développement du bébé pouvaient être différents en fonction du sexe de l’enfant à venir. "Dans les analyses exploratoires, l'effet sur l'âge gestationnel était plus prononcé chez les nourrissons de sexe masculin, et pour la taille à la naissance, il était plus important chez les petites filles", a noté Ludmila Bakhireva. Néanmoins, la spécialiste a indiqué que ces effets sont à prendre avec des pincettes en raison de la puissance statistique limitée de l'étude pour mener des analyses spécifiques au sexe et de la difficulté de prendre en compte d'autres facteurs contributifs.