"Les activités sportives sont très importantes et très positives pour les enfants et les adolescents : cela améliore leur épanouissement physique, psychologique ou social, et cela les prémunit d’éventuelles addictions. Mais pratiquées de manière intensive, elles peuvent avoir des effets extrêmement délétères sur leur santé."
Lors d’une conférence de presse mise en place à l’occasion de la semaine olympique et paralympique, le professeur Yves Lebouc a détaillé l’impact que peuvent avoir les entraînements très poussés chez les jeunes.
Sport intensif chez les jeunes : quelles conséquences pour la santé ?
Quels sont les sports concernés par ces écueils ? "Il y a en particulier la gymnastique artistique, la gymnastique rythmique, le patinage artistique, la natation synchronisée, le tennis et les sports d’endurance", explique d’abord le spécialiste.
"Les problèmes engendrés par une pratique du sport intensif très jeune sont une croissance staturale, des anomalies pubertaires, des troubles des cycles menstruels, ou encore des atteintes musculo-tendineuses, articulaires et osseuses", continue-t-il.
"Les causes de ces problèmes sont le nombre d’heures d’entrainement, l’insuffisance d’apport nutritionnel, les masses grasses diminuées, l’impératif esthétique ainsi que la composante familiale et génétique", résume-t-il.
"Les mécanismes qui provoquent ces problèmes de santé sont notamment la dépense énergétique qui est supérieure aux apports, un abaissement de la leptine, une augmentation de la ghréline, un déficit en œstrogène et en testostérone ainsi qu'une diminution de la densité osseuse", détaille le professeur.
Sport intensif chez les jeunes : "il y a aussi du dopage"
"Il y a également du dopage chez les enfants et les adolescents qui pratiquent un sport de haut niveau. Heureusement, la prévalence est faible, aux alentours de 0,5 %. Elle est plus fréquente chez les garçons, surtout quand ils sont compétiteurs et qu’ils jouent en équipe", ajoute-t-il.
Pour étayer son propos, Yves Lebouc a exposé différents profils et trajectoires de très jeunes sportifs. "Nous avons par exemple le cas d’une très grande gymnaste artistique ayant commencé le sport très tôt à 6 ans. A 12 ans, elle faisait déjà 24 heures d’entraînement par semaine, dans une famille d’accueil. Elle intègre ensuite l’Insep, où elle passe à 35 heures par semaine. Elle devient alors championne de très haut niveau : à 16 ans, elle pèse moins de 38 kilos pour 1m48 et a déjà un âge osseux en retard de trois ans. Elle aura ses premières règles à l’âge de 17 ans. Pendant toute cette période, elle a eu de multiples blessures et a souffert de problèmes d’incontinence urinaire, un sujet dont beaucoup de jeunes filles n’arrivent pas à parler. A l’arrêt de la compétition, elle a pris dix kilos et a grandi de 10 centimètres", rapporte le spécialiste.
"Deuxième exemple : nous avons reconstitué le parcours d’une danseuse étoile de l’opéra. Elle a débuté à 11 ans. A 12 ans, elle faisait déjà trois heures par jour avec des horaires aménagés. A 13 ans, au conservatoire, elle danse six heures par jour plusieurs fois par semaine, avec une vitesse de croissance qui commence déjà à être ralentie et un âge osseux retardé de deux ans. A 16 ans, elle fait 1m58, 42 kilos, et a une morphologie complètement adaptée à la danse. Elle aura ses premières règles à 17 ans", décrit le professeur Yves Lebouc.
Sport intensif chez les jeunes : que faut-il faire pour éviter les problèmes de santé ?
Que faut-il faire pour éviter que les jeunes développent des problèmes de santé liés à la une pratique sportive intensive ? "Il faut un bilan diététique vraiment fouillé et une analyse de la dépense énergétique. Le problème des enfants et des adolescents, c’est que c’est difficile à évaluer, notamment parce qu’il y a des comités d’éthique qui s’y opposent", conclut Yves Lebouc.