Une étude récente publiée dans la revue Psychopharmacology montre que les hommes qui utilisent des stéroïdes ont des difficultés à reconnaître avec précision les expressions faciales des émotions.
Les stéroïdes sont largement connus pour leur utilisation chez les athlètes et les culturistes afin d'améliorer les performances physiques et la masse musculaire.
Reconnaissance des émotions et stéroïdes : 171 hommes analysés
Des études antérieures ont associé la consommation de stéroïdes à une augmentation de l'agressivité, de l'anxiété, de la dépression et des troubles de la personnalité.
"Nous voulions savoir si les fluctuations des niveaux d'hormones pouvaient expliquer les différences dans les capacités de reconnaissance émotionnelle. La capacité à reconnaître les émotions d'autrui et à y répondre peut avoir des implications sur les comportements sociaux", explique l’auteur de l’étude Morgan Scarth, chercheur à l'hôpital universitaire d'Oslo.
La cohorte de l'étude comprenait 171 hommes adultes pratiquant un entraînement intensif à la résistance, divisés en deux groupes principaux : ceux qui avaient utilisé des stéroïdes (94 participants) et un groupe témoin sans antécédents d'utilisation de stéroïdes (77 participants). Le groupe stéroïdien a été divisé en deux catégories : ceux qui utilisent actuellement des stéroïdes et ceux qui ont cessé d'en utiliser.
Emotions et stéroïdes : la peur, le dégoût et la colère mal identifiés
Les participants ont subi une évaluation complète comprenant des tâches de reconnaissance émotionnelle, des mesures des niveaux d'hormones et des évaluations de la dépendance aux stéroïdes. La reconnaissance émotionnelle a été testée à l'aide d'une tâche informatisée dans laquelle les participants identifiaient des émotions à partir d'expressions faciales. Les taux d'hormones ont été analysés à partir d'échantillons de sang, en se concentrant notamment sur l'indice de testostérone libre.
Les hommes qui prenaient des stéroïdes ont montré une capacité nettement plus faible à reconnaître avec précision les expressions faciales de colère et de dégoût. "Les hommes qui avaient déjà pris des stéroïdes anabolisants mais qui ont arrêté ne semblent pas présenter les mêmes déficits, ce qui suggère que cet effet pourrait être temporaire", indique Morgan Scarth.
Les chercheurs ont également constaté que les personnes ayant une dépendance aux stéroïdes reconnaissaient moins bien la peur que celles qui n'en avaient pas.