- En 2022, 1,3 million de décès par an étaient liés à une hépatite virale, soit autant que la tuberculose.
- Cela représente 3.500 morts par jour.
- Seules 13 % des personnes vivant avec une hépatite B chronique dans le monde et 36 % de celles touchées par une hépatite C avaient été diagnostiquées fin 2022.
Une hépatite virale est une inflammation du foie causée par des virus. Et cette infection peut avoir des conséquences graves. Un rapport 2024 de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) consacré à la maladie révèle que le nombre de morts imputables à une hépatite virale est en augmentation. Il est passé de 1,1 million en 2019 à 1,3 million en 2022.
Hépatite B et C : les décès augmentent malgré la prévention
Selon les données recueillies auprès de 187 pays, l’hépatite virale est la deuxième cause de décès dû à une maladie infectieuse dans le monde. Sur les 1,3 million de morts recensées, 83 % étaient liées à l’hépatite B et 17 % à l’hépatite C. "Chaque jour, l’hépatite B ou C tue 3.500 personnes dans le monde", précise l’OMS. Son directeur général Dr Tedros Adhanom Ghebreyesu ajoute : "ce rapport peint un tableau inquiétant : malgré les progrès réalisés au niveau mondial dans la prévention de l’hépatite, le nombre de décès augmente parce que trop peu de personnes reçoivent un diagnostic et bénéficient d’un traitement".
Dans le détail, 254 millions d'individus étaient atteints d’une hépatite B et 50 millions d’une hépatite C en 2022. La moitié de la charge de ces infections chroniques concerne les 30 à 54 ans, et 12 % des enfants de moins de 18 ans. Les hommes représentent 58 % des cas.
"D’après de nouvelles estimations, l’incidence de l’hépatite virale est en léger recul par rapport à 2019, mais elle reste globalement élevée. En 2022, on a dénombré 2,2 millions de nouvelles infections, contre 2,5 millions en 2019. Le virus de l’hépatite B est responsable de 1,2 million de nouvelles infections et celui de l’hépatite C de près d’un million. On dénombre plus de 6.000 nouveaux cas par jour", précise l’OMS dans son communiqué.
Autres chiffres alarmants de l’étude : seulement 13 % des personnes vivant avec une hépatite B chronique dans le monde avaient reçu un diagnostic fin 2022 et seulement 3 % d’entre elles (soit 7 millions) bénéficiaient d’un traitement antiviral. Même situation pour les malades touchés par l'hépatite C : seulement 36 % sont diagnostiqués et 20 % (12,5 millions) traités. "Ces résultats sont bien en deçà des objectifs mondiaux, à savoir traiter 80 % des personnes vivant avec une hépatite B ou une hépatite C chroniques d’ici à 2030. Cependant, ils indiquent une amélioration faible, mais continue, du dépistage et des traitements depuis les dernières estimations communiquées en 2019. Plus précisément, pour l’hépatite B, le dépistage a progressé pour passer de 10 % à 13 % et le traitement de 2 % à 3 %, et pour l’hépatite C, les chiffres correspondants sont de 21 % à 36 % pour le dépistage et de 13 % à 20 % pour le traitement", indique l’OMS.
Traitement de l’hépatite virale : des disparités selon les régions
Le rapport de l’OMS met également en évidence des disparités de prise en charge et de prévention entre les pays. La Région africaine de l’OMS concentre 63 % des nouveaux cas d’infection par l’hépatite B et seuls 18 % des nouveau-nés sont vaccinés à la naissance. La zone Pacifique occidental, qui enregistre 47 % des décès dus à l’hépatite B, n’affiche qu’une couverture thérapeutique de 23 % des personnes diagnostiquées. "Ce qui est beaucoup trop faible pour faire reculer la mortalité", rappellent les experts dans leur communiqué.
De plus, le Bangladesh, la Chine, l’Éthiopie, la Fédération de Russie, l’Inde, l’Indonésie, le Nigéria, le Pakistan, les Philippines et le Vietnam comptabilisent ensemble près des deux tiers des cas d’hépatites.
"Pour permettre à la riposte mondiale de redresser la barre afin d’atteindre les objectifs de développement durable, il est essentiel de parvenir d’ici à 2025 à un accès universel à la prévention, au diagnostic et au traitement dans ces dix pays, parallèlement à l’intensification des efforts dans la Région africaine", ajoute l’OMS.
L’organisation déplore également que "même s’il existe des médicaments génériques financièrement abordables contre l’hépatite virale, de nombreux pays ne parviennent pas à les acheter à des prix bas".