- Remplacer la viande rouge contre du poisson fourrage pourrait sauver jusqu'à 750.000 vies par an en 2050.
- Manger des sardines plutôt que du boeuf réduirait aussi la prévalence de l'invalidité à la suite d'une maladie liée à l'alimentation.
- Les chercheurs préconisent une coordination et une action politiques multisectorielles pour favoriser la consommation des petits poissons de mer.
La viande rouge est l’une des plus consommées et des plus appréciées dans le monde. Mais cette dernière n’est pas toujours bonne pour notre organisme. Une consommation excessive augmente les risques de cancers, de maladies cardiovasculaires ou de diabète.
Alors vers quoi se tourner pour protéger notre santé ? Il faudrait miser sur les poissons fourrages comme les sardines, les harengs et les anchois, selon une étude publiée dans la revue BMJ Global Health.
Sardines, harengs, anchois : ces poissons aident à lutter contre les maladies cardiaques
Les poissons fourrages de mer, comme les sardines et les anchois, sont riches en acides gras polyinsaturés à longue chaîne oméga-3 (DHA et EPA), en calcium et en vitamine B12. Autre plus : ils ont également une empreinte carbone très faible. Toutefois, les trois-quarts des captures actuelles sont broyées pour devenir de la farine et de l’huile utilisées principalement dans la pisciculture. Les chercheurs ont voulu déterminer si ces petits poissons seraient plus intéressants à mettre dans notre assiette, et remplacer ainsi la viande rouge.
Pour répondre à cette question, les chercheurs ont créé quatre scénarios différents : chacun représentant un modèle différent de taux de consommation de poissons fourrages. Pour cette modélisation, ils ont utilisé les données de la consommation projetée de viande rouge en 2050 pour 137 pays et celles concernant la pêche de ce type de poissons. L’analyse montre que si les sardines, les anchois ou encore les harengs entrent massivement dans nos cuisines pour remplacer le boeuf, le porc et l'agneau, la santé mondiale serait particulièrement améliorée, notamment en termes de réduction de l'apparition de maladies coronariennes.
"À l’échelle mondiale, cette approche pourrait éviter entre 500.000 et 750.000 décès par an dus à des maladies liées à l’alimentation en 2050, et en particulier aux morts liées aux pathologies coronariennes, et pourrait éviter 8 à 15 millions d’années de vie vécues avec un handicap, dont la plupart sont concentrées dans les pays à revenu faible et intermédiaire", note l’équipe dans son communiqué.
Remplacer la viande rouge par du poisson : plusieurs obstacles identifiés
Les scientifiques à l’origine de ces travaux reconnaissent que l'offre limitée de poissons fourrages n'est pas suffisante pour remplacer toute la viande rouge. Mais cela pourrait permettre, selon eux, d’augmenter la consommation quotidienne de poisson par habitant et la rapprocher du niveau recommandé de 40 kcal dans la plupart des pays. Préférer les sardines au bœuf pourrait aussi réduire les décès dus aux maladies coronariennes, aux accidents vasculaires cérébraux, au diabète et au cancer de l'intestin de 2 % en 2050, selon leurs calculs.
"Malgré le potentiel théorique du poisson fourrage, plusieurs obstacles, tels que la transformation de la farine et de l'huile de poisson, la surpêche, le changement climatique et l'acceptation culturelle, peuvent empêcher la réalisation des bienfaits du poisson fourrage pour la santé", précisent les auteurs de l’étude. "Une coordination et une action politiques multisectorielles (par exemple : donner la priorité à l'accès à du poisson abordable, tel que le poisson fourrage, aux pauvres et promouvoir l'utilisation de microalgues riches en nutriments pour l'alimentation des poissons) pourraient aider à surmonter certains de ces obstacles", suggèrent-ils.