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Sclérose latérale amyotrophique (SLA)

Charcot : les produits chimiques stockés dans les garages liés à la maladie

Par Sophie Raffin

Les produits chimiques stockés dans les garages de maisons augmenteraient les risques de développer la maladie de Charcot, selon une nouvelle étude.

Christine_Kohler/istock
Le stockage de produits chimiques communs dans le garage était significativement associé au risque de SLA, selon une nouvelle étude.
Les chercheurs avancent que les composés organiques volatils qu'ils contiennent parviennent jusqu'aux pièces de vie du domicile.
De nouvelles études sont en cours pour comprendre comment ces expositions chimiques contribuent au développement de la SLA.

Tondeuse, tronçonneuse, pesticides, solvants, peintures… Au-delà des voitures, les garages servent généralement à stocker tous les produits chimiques et les outils utilisés pour le jardinage ou le bricolage. Or, ces objets qui émettent des composés organiques volatils, augmenteraient les risques de développer la sclérose latérale amyotrophique, aussi appelée SLA ou maladie de Charcot, une pathologie neuromusculaire dégénérative grave, handicapante et fatale.

C’est ce que révèle une étude de l’université du Michigan publiée dans la revue Amyotrophic Lateral Sclerosis and Frontotemporal Degeneration.

Maladie de Charcot : plus de risques avec un garage attenant à la maison

Pour déterminer l’impact des produits chimiques utilisés par le grand public, les chercheurs ont évalué les expositions en milieu résidentiel à partir d'une enquête menée auprès de plus de 600 volontaires atteints ou non de la maladie de Charcot. Leur analyse statistique des données recueillies a mis en évidence que le stockage de produits chimiques – y compris l’essence, les outils alimentés à l'essence, les produits d'entretien de la pelouse ou du travail du bois, les pesticides et la peinture - était significativement associé au risque de SLA.

"Tous les produits chimiques signalés liés au développement de la maladie avaient des composants toxiques volatils. La plupart des participants ont déclaré avoir stocké plusieurs de ces articles dans leur garage attenant", expliquent les auteurs dans leur communiqué.

En revanche, ce lien n’était pas significatif lorsque le garage était détaché du logement. Face à ce constat, l’équipe avance que le flux de polluants atmosphériques et volatils parvient jusqu’aux pièces de vie lorsque le garage est attenant au domicile.

"Surtout dans les climats plus froids, l'air dans le garage a tendance à se précipiter dans la maison lorsque la porte est ouverte, et les flux d'air se déplacent plus ou moins continuellement à travers de petites fissures et ouvertures dans les murs et les planchers", explique Stuart Batterman de l'université du Michigan, auteur principal de l’étude. "Il est donc logique que le fait de conserver des produits chimiques volatils dans un garage attenant montre l'effet le plus fort", conclut-il.

SLA : identifier les facteurs environnementaux pour réduire les risques

Ce n’est pas la première fois que les produits chimiques sont pointés du doigt dans des recherches sur la sclérose latérale amyotrophique. Par exemple, une étude de 2016 a constaté que les personnes atteintes de la maladie de Charcot avaient des concentrations plus élevées de pesticides dans le sang que celles qui ne l’avaient pas. En 2019, des scientifiques ont découvert que les pesticides organochlorés et les biphényles polychlorés, ou PCBS, étaient liés à l'aggravation du pronostic de la SLA.

"L'identification des substances qui provoquent la maladie peut informer et motiver les interventions visant à réduire l'exposition, le risque et, en fin de compte, le fardeau de la SLA", indique le premier auteur Stephen Goutman, directeur de la Pranger ALS Center et directeur associé de l'ALS Center of Excellence at University of Michigan.

"Les expositions à la maison sont une partie importante de l'exposome (ensemble des expositions environnementales auxquelles une personne est soumise tout au long de sa vie, NDLR) de la SLA, car c'est un endroit où les modifications du comportement pourraient réduire le risque de la maladie de Charcot."

De nouvelles études sont en cours pour comprendre comment ces expositions environnementales contribuent au développement de la sclérose latérale amyotrophique et d'autres maladies neurodégénératives, tant chez les personnes ayant des antécédents familiaux de la maladie que celles qui n’en ont pas.