En France, un patient hospitalisé sur dix-huit a été victime d’une infection nosocomiale en 2022, selon le site Vie Publique. Il s’agit d'infections contractées au cours d’un séjour dans un établissement de santé, alors que le patient n’en était pas atteint à l'admission.
Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Science Translational Medicine et présentée dans The Conversation, des chercheurs du Harborview Medical Center de l’Université de Washington ont voulu comprendre l’origine des agents pathogènes qui provoquent ces infections.
Infections du site opératoire : elles restent nombreuses malgré les mesures
Lors d’une opération chirurgicale, les hôpitaux ont un protocole sanitaire important pour prévenir les infections. Il comprend notamment la stérilisation du matériel chirurgical, la désinfection de la salle d'opération, des tenues chirurgicales stériles, l’administration d’antibiotiques pendant l’intervention, etc. Pourtant, selon les Centers for Disease Control and Prevention (agence sanitaire des USA), il y a toujours des infections du site opératoire (ISO). Dans l’Hexagone, Santé Publique France notait, de son côté, une augmentation de l’incidence des ISO dans son rapport de 2020, pour les reprises de prothèses de hanche. Les scientifiques ont donc voulu comprendre l’origine de ces agents pathogènes, malgré la mise en place de mesures préventives.
Pour cela, ils se sont concentrés sur les chirurgies de la colonne vertébrale. Pendant un an, ils ont récolté des échantillons de bactéries vivant dans le nez, la peau et les selles de plus de 200 patients avant une telle intervention chirurgicale. C'est ce que l’on appelle le microbiome (ensemble des bactéries) préopératoire. Ensuite, pendant 90 jours, les participants ont été suivis afin de pouvoir comparer les bactéries prélevées en amont à celles des infections contractées par la suite.
Infection nosocomiale : 86 % des cas étaient liés à des bactéries que portait le patient
Résultats : certaines bactéries prélevées étaient retrouvées sur la peau des patients et étaient donc en lien avec les infections contractées après l’intervention chirurgicale :
- Pour le haut du dos, le cou et les épaules, les bactéries ressemblaient davantage à celles du nez.
- Pour le bas du dos, les bactéries étaient semblables à celles des selles et donc de l’intestin.
Les scientifiques ont réussi à déterminer que 86 % des bactéries provoquant des infections après une chirurgie de la colonne vertébrale étaient génétiquement associées aux agents pathogènes que le patient portait avant la chirurgie.
Mais pourquoi ces agents pathogènes réussissent à infecter le patient malgré les mesures préventives ? Selon les chercheurs, près de 60 % des infections étaient résistantes à l’antibiotique administré préventivement avant l’intervention chirurgicale et/ou à l’antiseptique utilisé pour nettoyer la peau avant l’incision.
Pour prévenir les infections chirurgicales, l'équipe préconise d’étudier le microbiome du patient avant une intervention. Cela permettrait de mieux personnaliser la prévention, en délivrant notamment des antibiotiques plus ciblés sur les bactéries que porte le patient.
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