Une avancée dans la lutte contre la surdité a été récompensée. Le prix Lasker pour la recherche médicale clinique, parfois surnommé « l’antichambre du prix Nobel », a été décerné à trois chercheurs pour le développement d’un implant cochléaire moderne. Graeme M. Clark, Ingeborg Hochmair et Blake S. Wilson, ont été salués pour la mise au point d’un appareil capable de rendre partiellement l’audition à des personnes atteintes de surdité profonde.
Remplacer les cils sensoriels
L’implant cochléaire permet aux personnes profondément sourdes de récupérer les sensations de l’audition. Il se substitue aux cils sensoriels en utilisant un stimulus électrique qui active le nerf auditif directement. Il s’agit d’une électrode placée à l’arrière de l’oreille. Il remplace certaines structures auditives qui capturent et traduisent le son en informations. Chez une personne sans problème d’ouïe, le canal auditif transmet les vibrations jusqu’à l’oreille interne. Les ondes continuent jusqu’à la cochlée, une sorte de tube en forme d’escargot, et atteignent les cils sensoriels. Le mouvement produit un signal électrique qui stimule le nerf auditif. Le message est ensuite transmis au cerveau. Grâce à l’implant cochléaire, les patients dont les cils sont endommagés ou absents peuvent de nouveau entendre certains sons, principalement les dialogues.
De 6 mois à 82 ans
On estime aujourd’hui à 320 000 le nombre de personnes équipées d’un tel dispositif. Il permet de retrouver une vie presque normale : les bénéficiaires peuvent parler au téléphone, suivre des conversations dans des lieux calmes. L’éligibilité à l’implant cochléaire commence dès 6 mois. Depuis peu, les patients dont les troubles auditifs sont liés à l’âge peuvent aussi être équipés, jusqu’à 82 ans. La pose se réalise sous anesthésie générale. Un suivi et un apprentissage sont ensuite nécessaires, car le cerveau met un certain temps à s’adapter au retour des sons. L’implantation coûte entre 32 000 et 34 000€. Pour les enfants souffrant de surdité congénitale, l’opération est prise en charge intégralement par l’Assurance maladie.
La création de l’implant cochléaire remonte aux années 1950. Dans les années 1970, Ingeborg Hochmair et Graeme Clark ont mis au point des prothèses déployant des électrodes. Elles redirigeaient les sons dans les différentes parties de la cochlée, et rétablissaient l’audition des dialogues. Une dizaine d’années plus tard, Blake Wilson met au point une stratégie qui minimise les distorsions du discours et les omissions. Depuis le dispositif n’a cessé de s’améliorer.