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Cancer de l'œil mortel : l'immunothérapie adoptive peut sauver certains patients

L’immunothérapie adoptive consiste à développer les cellules T d’une personne en dehors de son organisme pour les ré-insérer ensuite. Cette technique serait efficace dans le traitement du mélanome uvéal métastatique, une forme grave de cancer de l’œil.  

Cancer de l'œil mortel : l'immunothérapie adoptive peut sauver certains patients CIPhotos/istock




L'ESSENTIEL
  • Le mélanome uvéal métastatique est une forme agressive du cancer de l'œil, avec un mauvais pronostic.
  • L'immunothérapie adoptive permettrait de le soigner grâce à des cellules T, extraites puis ré-introduites dans l'organisme.
  • Un test permet d'identifier les personnes les plus réactives à ce nouveau traitement.

Il existe différentes manières de lutter contre le cancer. Depuis dix ans, l’une d’elles se développe particulièrement : l’immunothérapie. Dans Nature Communications, des chercheurs de l’université de Pittsburgh, aux États-Unis, annoncent qu’une forme d’immunothérapie est efficace pour traiter le mélanome uvéal métastatique, un cancer de l’œil particulièrement grave. 

Mélanome uvéal : un cancer de l’œil particulièrement agressif 

"Aucune des immunothérapies conventionnelles ne fonctionne pour le mélanome uvéal, mais nous ne savions pas pourquoi jusqu'à maintenant", explique Udai Kammula, auteur principal de ces travaux et directeur du programme de thérapie des cellules tumorales solides au UPMC Hillman Cancer Center. Avec son équipe, ils ont cherché à comprendre les raisons de cette inefficacité. Au départ, le mélanome uvéal provient de la région uvéale de l'œil mais il a tendance à se propager de manière agressive dans tout le corps, souvent au foie. "Lorsque les métastases se produisent, ce cancer est très difficile à traiter et le pronostic pour les patients est presque toujours sombre", préviennent les auteurs.

Pourquoi les cellules T n’agissent pas contre le mélanome uvéal métastatique ? 

Ce mélanome est qualifié de "froid" par les scientifiques : "ce qui signifie que les cellules T ne peuvent pas entrer dans ces tumeurs", précise Udai Kammula. Pour comprendre les raisons de ce phénomène, l’équipe a utilisé le plus grand référentiel connu d'échantillons de mélanome uvéal, avec les tissus et les informations cliniques correspondantes. Lorsque les chercheurs ont analysé 100 métastases de 84 patients, ils ont observé que plus de la moitié de ces tumeurs étaient pleines de cellules T. Ensuite, ils ont effectué un séquençage d'ARN et ont constaté que les lymphocytes infiltrant les tumeurs (LIT) dans certaines de ces tumeurs étaient activés. "Nous avons constaté que les LIT à partir du mélanome uvéal métastatique ont le potentiel d'attaquer la tumeur, mais quelque chose dans le microenvironnement tumoral les bloque, donc ils sont dans un état dormant ou au repos, développe Udai Kammula. En libérant ces cellules de l'environnement suppressif et en les faisant grandir en laboratoire, nous pouvons préserver leur capacité de lutte contre les tumeurs." Concrètement, cela signifie que ce type de tumeur pourrait être traité grâce à l’immunothérapie adoptive : elle consiste à développer les cellules T en dehors de l’organisme, puis à les réintroduire. 

Mélanome uvéal : un outil pour prédire l’efficacité de l’immunothérapie adoptive

Toutefois, les auteurs ont constaté que cette thérapie n’est pas efficace chez tous les patients. Pour mieux identifier ceux qui pourraient en bénéficier, ils ont mis au point un outil prédictif, appelé Score immunogène du mélanome uvéal (UMIS). Celui-ci donne des informations sur l’activité de plus de 2.000 gènes exprimés par les cellules tumorales, les cellules immunitaires et d'autres cellules qui forment le microenvironnement tumoral. UMIS variait de 0,114 à 0,347 sur 100 métastases. Lorsque les chercheurs ont examiné les patients qui ont reçu une thérapie adoptive dans une étude précédente, ils ont constaté que les patients avec des scores UMIS plus élevés avaient une meilleure régression tumorale, suggérant que ce biomarqueur pourrait prédire quels patients sont susceptibles de répondre. "L'utilisation d'une biopsie pour calculer les UMIS d'un patient pourrait aider à éviter les thérapies futiles et à soumettre inutilement les patients à des opérations invasives, estime Udai Kammula. Umis offre une fenêtre sur la tumeur qui pourrait également nous aider à trouver le moment optimal pour traiter un patient avec la thérapie adoptive, comme choisir un fruit lorsqu'il est le plus mûr." Des essais sont en cours pour en savoir plus sur ce score et sur le potentiel de l’immunothérapie adoptive dans le traitement du mélanome uvéal.

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