On le sait : le fait de manquer de ressources et de moyens matériels affecte les conditions de vie des personnes touchées. Pour la première fois, une équipe internationale de chercheurs a présenté une vue d'ensemble de l'impact de la pauvreté et du faible statut socio-économique sur le cerveau (le cortex, l'hippocampe, l'amygdale et les neurotransmetteurs) et le comportement (y compris le niveau d'éducation, le développement du langage, le développement de troubles psychopathologiques).
Dans le cadre de leurs recherches, publiées dans la revue Reviews in the Neurosciences, les scientifiques sont partis d’un constat fait par de précédents travaux. Ces derniers ont montré qu’en raison d'un manque de ressources, la pauvreté et le faible statut socio-économique (impliquant les revenus, la profession, le niveau d'éducation et les conditions de vie) sont associés à une mauvaise alimentation, à l'exposition à des risques socio-environnementaux, comme la pollution et des conditions de logement inadéquates, ainsi qu'à des niveaux élevés de stress.
Un stress prolongé résultant de la pauvreté "peut réduire la croissance de nouveaux neurones"
Selon les données, ces blessures psychologiques et physiques résultant de la pauvreté et du faible statut socio-économique ont un impact sur le développement de plusieurs zones du cerveau et de neurotransmetteurs. En effet, "un stress prolongé peut réduire les niveaux de neurogenèse, à savoir la croissance de nouveaux neurones, dans l'hippocampe, ce qui peut nuire aux capacités d'apprentissage et affecter négativement le niveau d'éducation et les opportunités de carrière plus tard dans la vie", ont expliqué les auteurs, qui ont examiné tous ces éléments dans cette nouvelle étude.
Ils ont également observé qu’une altération du fonctionnement de l'amygdale pouvait conduire au développement de troubles psychopathologiques. "Cette situation perpétue à son tour la pauvreté chez les enfants, qui deviendront parents, entraînant un cercle vicieux de pauvreté et de déficiences psychologiques/physiques", peut-on lire dans les travaux.
Cibler les anomalies neuronales durant l’enfance pour "renforcer l'équité économique"
D’après l’équipe, en plus de fournir une aide économique aux familles économiquement défavorisées, les interventions devraient cibler les anomalies neuronales causées par la pauvreté et le faible statut socio-économique dans la petite enfance. "Il est important de noter que la reconnaissance des anomalies cérébrales dues à la pauvreté dans la petite enfance peut contribuer à renforcer l'équité économique."