- Une étude de l’Université du Michigan a montré que les expériences traumatisantes vécues pendant l’enfance peuvent impacter la santé des muscles plus tard.
- 45 % des participants avaient reconnu avoir subi un ou plusieurs événements indésirables pendant leur enfance. Ces derniers avaient une production maximale d'ATP plus faible que les autres.
- Or, cette fonction musculaire amoindrie peut favoriser une série de problèmes, notamment les capacités physiques des personnes âgées.
Les expériences traumatisantes de l’enfance marqueraient la chair, et plus précisément les muscles, selon une étude de l’Université du Michigan. Elle a montré que les personnes ayant vécu des événements choquants dans leur enfance, avaient un métabolisme musculaire plus faible, plus tard dans la vie.
Les travaux américains ont été publiés dans la revue Science Advances.
Les traumatismes de l’enfance impactent le fonctionnement des muscles
Pour cette recherche, les scientifiques ont analysé les échantillons de tissus musculaires de 879 participants de plus de 70 ans ainsi que leurs réponses à un questionnaire sur leur santé physique et cognitive, mais également sur leur vie personnelle. Parmi les questions posées, il y avait par exemple : "Un adulte ou un parent de votre foyer vous a-t-il insulté ou rabaissé ?", "Avez-vous été agressé physiquement par un proche ?", "Vous êtes-vous senti aimé, important ou spécial dans votre famille ?", "L'un de vos parents a-t-il été absent pendant une partie de votre vie ?".
Lors de l’examen des biopsies musculaires, l’équipe a surtout porté son attention sur la production d'adénosine-triphosphates (ATP : molécule produite dans les cellules appelées mitochondries et qui permet aux muscles de se contracter) et sur le processus de phosphorylation oxydative (qui aide à produire de l'ATP).
Les analyses des différentes données ont montré qu’environ 45 % des participants avaient subi un ou plusieurs événements indésirables pendant l'enfance. Autre découverte clé : les hommes et les femmes qui ont signalé des traumatismes survenus durant leurs jeunes années avaient une production maximale d'ATP plus faible que les autres. C'est-à-dire qu'ils ne produisaient pas autant d'ATP que les personnes qui n’avaient pas ou peu eu d’événements indésirables dans l’enfance.
"Ce que ces résultats suggèrent, c'est que ces expériences formatrices de la petite enfance ont la capacité de pénétrer sous la peau et d'influencer les mitochondries des muscles squelettiques, ce qui est important, car la fonction mitochondriale est liée à une multitude de résultats liés au vieillissement", explique l’auteure principale Kate Duchowny dans un communiqué. "Si votre fonction mitochondriale est compromise, cela n'augure rien de bon pour toute une série de problèmes de santé, y compris des maladies chroniques, des fonctions physiques et des limitations liées au handicap."
Une meilleure compréhension de l’impact du stress social précoce
De son côté, le co-auteur, Anthony Molina, professeur de médecine à l'Université de Californie à San Diego, a examiné des images des muscles des participants prises pendant l'exercice et au repos grâce à un IRM. Il a pu déterminer le taux de synthèse de l’ATP en examinant la vitesse à laquelle le muscle était capable de synthétiser la molécule après avoir été épuisé par l’exercice.
De plus, son équipe a étudié les taux de consommation d’oxygène dans le faisceau de fibres musculaires lors des biopsies des tissus musculaires. "Vous pouvez considérer le taux de consommation d'oxygène comme un moyen de mesurer le flux d'électrons qui traverse le train de transport d'électrons, et ce sont ces électrons qui génèrent le potentiel membranaire qui pilote la synthèse de l'ATP", précise l’expert. "C'est une manière très précise d'évaluer la capacité bioénergétique des mitochondries." Ces mesures sont connues également pour être étroitement liées aux capacités physiques des personnes âgées.
L’analyse de l’ensemble des éléments recueillis a confirmé que les événements indésirables survenus pendant l'enfance affectaient la santé des muscles à mesure que la personne vieillit. Les effets sont restés significatifs même après avoir pris en compte d'autres facteurs susceptibles d'impacter la fonction musculaire comme l'âge, le sexe, le niveau d'éducation, l’IMC, le tabagisme et l'activité physique.
Cette découverte pourrait aider à comprendre comment le stress social précoce influence la santé plus tard dans la vie, estiment les auteurs.