Pourquoi certains fumeurs fument-ils autant ? Des équipes de l’Institut Pasteur, du CNRS et de l’université Pierre et Marie Curie ont peut-être trouvé la réponse. Les résultats d’une recherche conjointe, parus en décembre dans Molecular Psychiatry, suggèrent que la piste génétique pourrait bien expliquer les différences dans l’addiction tabagique.
Lorsqu’elle est inhalée, la nicotine active le « circuit de la récompense » ce qui favorise notamment la sensation de bien-être. En suscitant une forme de plaisir, la nicotine conditionne donc le besoin d’en consommer davantage.
90% des gros fumeurs concernés
Pour expliquer pourquoi certains fumeurs consomment plus que d’autres, les chercheurs ont observé l’expression d’un gène chez la souris. Plus particulièrement, ils ont étudié l’influence de ce gène et de sa mutation – relativement fréquente chez l’homme. L’hypothèse de travail de la recherche : les récepteurs nicotiniques sont rendus plus ou moins sensibles par un gène, ce qui conditionne le besoin de consommer plus ou moins de tabac.
La mutation du gène en question altère le fonctionnement du récepteur nicotinique et l'inactive en partie. Les porteurs de la mutation ont donc besoin de davantage de tabac pour un plaisir identique à un fumeur sans mutation. En moyenne, la consommation est triplée avec une mutation. Voilà qui pourrait expliquer une consommation plus forte, mais aussi une dépendance plus élevée. Cette découverte pourrait concerner 35% des Européens et 90% des gros fumeurs.
Les résultats de l’équipe de chercheurs peuvent permettre de comprendre comment fonctionne la dépendance au tabac. Mais son intérêt est également pratique : la recherche ouvre la porte à des traitements de sevrage personnalisé, conçu pour des personnes porteuses de la mutation génétique.