Pourquoi Docteur : Les principales causes de handicap sont les accidents de la route, de sport et de travail, les pathologies génétiques et les maladies chroniques. Dans votre cas, les amputations ont été faites à cause d’un cancer des os, à savoir l’ostéosarcome. Quels aspects de la vie des femmes, étant dans votre situation, sont bouleversés ?
Sophie Teboul : Pour rappel, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) les femmes en situation de handicap éprouvent divers types de déficiences, affectant notamment leurs facultés physiques, intellectuelles et sensorielles et leurs comportements psychosociaux, susceptibles ou non d’entraîner des limitations fonctionnelles.
Les conséquences de ce que j’appelle un accident de la vie sont énormes pour les femmes, car le corps est physiquement touché. La féminité en prend ainsi un coup. Côté personnel par exemple, certaines patientes déclarent se retrouver toute seules. Leur mari ou leur compagnon décide de les quitter, car ces dernières ne correspondent plus à l’image qu’il avait d’elles. C’était le cas de mon ex-mari qui me regardait comme si j’étais un monstre. Au début, c’était difficile, mais après je me suis rendu compte qu’il valait mieux être accompagnée par des personnes positives et être quittée par celles qui sont toxiques pour pouvoir se reconstruire.
Côté professionnel, on ne peut pas toujours reprendre le poste occupé avant le handicap sauf si des aménagements sont faits. Cependant, on veut tout de même montrer que l’on n’a pas changé. C’est à ce moment-là qu’un problème se pose, car on s’efforce de s’adapter à toutes les situations. C’est sans cesse un combat, ce qui est épuisant ! Résultat : on ne tient pas le coup. En outre, au quotidien, on est souvent confronté à plus de violences et de discriminations…
Handicap : "L’activité physique permet de découvrir de nouvelles capacités"
Après un "accident de la vie", comment se réconcilier avec son corps et retrouver sa féminité ?
Après son amputation, on se rend compte qu’il manque un gros morceau de notre corps et qu’il ne sera plus comme avant. On a donc besoin de retrouver notre féminité, notre confiance en soi et de voir que les personnes nous regardent autrement. Pour cela, il faut se tourner vers le sport. Au-delà des effets bénéfiques sur la rééducation, l’activité physique permet de découvrir de nouvelles capacités. De plus, cela permet de rester dans une bonne forme physique et musclée, sinon l’état de santé peut se dégrader rapidement.
Les dispositifs, comme les prothèses, aident à se sentir bien dans sa peau. Dans mon cas, c’est une prothèse de jambe comportant une articulation du genou et de la cheville. Elle a joué un rôle important dans ma reconstruction physique, mentale et ma confiance en soi. Cet appareil permet de faire de nouveaux mouvements. En outre, le fait qu’il soit coloré ou pailleté donne envie de le montrer, comme si c’était un tatouage. En plus de pouvoir bien marcher avec cette prothèse, je peux changer de chaussures, même porter des talons. Cela m’incite à m’apprêter, porter des robes, me maquiller et donc sortir plus souvent. En tant que femme, ce sont des éléments importants.
Une femme en situation de handicap soutenue par ses proches est "moins susceptible d’avoir des complications"
Comment les proches des femmes handicapées peuvent-ils les aider au quotidien ?
En cas de handicap, l’entourage est très important. En effet, une personne soutenue est moins susceptible d’avoir des complications et sa rééducation risque d’être moins longue. En clair, les femmes présentant une incapacité physique ont besoin d’être encouragées pour pouvoir rester optimistes, mais aussi d’être aidées dans les tâches quotidiennes sans que nos proches ne fassent tout à notre place. Par exemple, il est indispensable qu’une personne porte nos courses. En revanche, il faut que l’on apprenne les gestes qui permettent de ramasser ou d’atteindre un objet, car on n’y arrivera pas si on se retrouve toute seule un jour.