Les gels antibactériens utilisés par des millions d'usagers en Europe et aux Etats-Unis sont-ils sans danger ? C'est en tout cas la question que se posent les autorités sanitaires américaines qui ont demandé ce lundi aux fabricants de démontrer que leurs produits sont vraiments efficaces et inoffensifs pour la santé. Des études récentes ont en effet alerté l'Agence américaine des produits alimentaires et pharmaceutiques (FDA sur les dangers potentiels de ces produits.
Les fabricants obligés de prouver la sûreté de leur gel
Selon les nouvelles règles proposées par la FDA, les fabricants qui ne parviendront pas à satisfaire ces demandes devront modifier la formule de leurs antibactériens ou leur étiquetage pour pouvoir rester sur le marché. Cette décision ne concerne cependant pas les gels antibactériens utilisés chez les médecins et en milieu hospitalier. Elle fera quoi qu'il en soit l'objet d'une période de consultation publique de 180 jours avant d'entrer, le cas échéant, en vigueur.
Des gels suspectés de provoquer des dérèglements hormonaux
Bien que les savons antibactériens soient considérés comme sûrs et efficaces par des millions de consommateurs américains, « il n'existe à ce jour aucune preuve qu'ils soient plus efficaces que les savons ordinaires », affirme la FDA. Pire, comme le rappelle l'autorité américaine, des études récentes ont indiqué qu'un usage régulier et prolongé de certains agents contenus dans des antibactériens, comme le triclosan et le triclocarban, pourrait entraîner une résistance bactérienne ou provoquer des dérèglements hormonaux.
« Les savons antibactériens et d'autres produits similaires sont très fréquemment utilisés dans chaque foyer, sur le lieu de travail, à l'école et dans des lieux publics, où les risques d'infection sont relativement bas », a souligné le Dr Janet Woodcock, directrice du centre de recherche et d'évaluation des médicaments de la FDA. « Du fait de cette exposition très importante aux agents qui se trouvent dans les savons antibactériens, nous pensons que leur bienfait doit être clairement établi par rapport à tous les risques potentiels », a-t-elle expliqué.
Le lavage des mains avec un savon reste le plus sûr
En 2009, pendant la pandémie de grippe H1N1, l’Agence de sécurité du médicament (Afssaps) avait émis des recommandations sur les conditions d’utilisation de ces produits de désinfection. Elle indiquait d'ailleurs à cette occasion « de privilégier le lavage des mains lorsqu’un point d’eau potable est disponible. Et d'utiliser des solutions et gels hydro-alcooliques en l’absence de point d’eau disponible. »
De plus, après évaluation, l’Afssaps recommandait de privilégier les produits hydro-alcooliques présentés sous forme de solutions ou de gels testés selon la norme NF EN 14476. Cette informations doit figurer explicitement sur l’étiquetage. En l'absence de référence à cette norme sont également recommandés les produits à base d’alcool éthylique (ou éthanol) ou d'alcool propylique (propane-1-ol ou n-propanol) ou d'alcool isopropylique (propane-2-ol ou isopropanol) dont la concentration optimale est comprise entre 60% et 70% (volume/volume). La concentration en alcool doit figurer visiblement sur l'étiquetage, rappelait l'Agence.
De son côté, l'Organisation mondiale de la Santé indiquait récemment que pratiquer l'hygiène des mains par friction hydro-alcoolique est une procédure plus rapide, plus efficace mais moins tolérée qu'un lavage avec de l'eau et un savon antiseptique car l'alcool peut être irritant au contact de la peau. « Elle permet néanmoins d'améliorer l'observance par les usagers et leur permet de respecter les recommandations relatives aux bonnes pratiques d'hygiène », concluait l'Organisation.