Trop nombreux et trop chers, les médecins intérimaires sont dans le collimateur des politiques ! Dans un rapport publié ce mardi, le député Olivier Véran (PS, Isère) rappelle que ces professionnels de santé coûtent tous les ans 500 millions d’euros à l’hôpital. C'est trois fois le montant du déficit de ce secteur. Et cette situation pose encore plus de problèmes dans les petites structures, « où certains services ne se maintiendraient ouverts qu'en recrutant 100% de remplaçants. » Pour cette raison, cet élu, neurologue au CHU de Grenoble formule plusieurs propositions pour empêcher les abus constatés dans le secteur de l'intérim médical. Il propose notamment de plafonner le niveau de rémunération d'un médecin en mission temporaire. Mais alors, quel est le profil de ces médécins remplaçants ?
Trois spécialités réclamées
Selon le rapport, il n'y a pas de profil type du médecin remplaçant hospitalier. Cela peut-être le jeune qui ne cherche pas à se fixer tout de suite (20 %), une mère de famille (25 %) un senior retraité (25 %). Dans 30 % des cas, il s'agit d'un professionnel de l'intérim. Par ailleurs, si toutes les spécialités médicales peuvent être concernées, les trois spécialités vedettes sont la médecine d'urgence, la radiologie, l'anesthésie réanimation, puis la gynécologie-obstétrique et la pédiatrie.
Une formation simple mais un gros salaire
La seule condition à remplir pour un médecin souhaitant effectuer des missions temporaires via une société est d'être inscrit au tableau de l'Ordre des médecins. Aucune obligation de formation continue, aucune évaluation n'est exigée. Y compris pour les médecins ayant arrêté pendant une période, parfois prolongée plusieurs années, toute activité professionnelle. Au final, une formation simple mais avec un gros salaire au bout du compte.
Côté rémunération, le médecin intérimaire peut gagner jusqu'à 15 000 euros par mois. Il touche en moyenne de 600 à 800 euros net pour une journée de travail quand son collègue titulaire perçoit 260 euros, selon le rapport.
Cela représente un coût de 1 370 euros TTC à l'hôpital, soit plus du triple du coût normal d'une journée de travail pour un praticien hospitalier (médecin titulaire).
Des risques sanitaires
Dans de nombreux cas, ces médecins intérimaires sont recrutés via le bouche à oreille, et disposent d'un important réseau régional. L'hôpital recruteur connaît de fait les compétences professionnelles qu'il engage. Parfois, l'établissement recrute à l'essai un remplaçant ou s'en remet à une société de recrutement ou une agence d'intérim. Seule exigence, que le médecin soit inscrit au tableau et qu'il ait le droit d'exercer.
Au final, il est difficile de déterminer si la multiplication des missions temporaires s'accompagne d'un surisque pour les malades. Ce qui est certain d'après Olivier Veran, « c'est que le médecin ignore tout ou presque des procédures propres à chaque établissement, à chaque unité de soins parfois. A l'heure où tous les hôpitaux ou presque disposent disposent d'un logiciel de prescription, cela augmente le risque d'erreur. L'absence de connaissances de l'équipe soignante pose des problèmes, pour le médecin, comme pour l'équipe », conclut le rapport.