Elle est essentielle pour l'être humain. La vitamine B1, parfois aussi appelée thiamine, est impliquée principalement dans le métabolisme des glucides. En cas de déficience, on peut présenter des symptômes variés, tels que des lésions sur un ou plusieurs nerfs ou des signes d’insuffisance cardiaque. D’après l’Anses, elle peut conduire à l’apparition du béribéri, avec des manifestations neurologiques et cardiaques. Pour réduire les risques de carence en vitamine B1, il convient d’ingérer ce micronutriment par le biais de certains aliments, comme la viande, les oléagineux et les produits céréaliers complets.
Carence alimentaire : un riz dont la teneur en vitamine B1 a été multipliée par 3 à 4
"L'insuffisance en thiamine est un problème de santé publique majeur dans les pays asiatiques, par exemple au Cambodge, 27 à 100 % des nourrissons et des femmes en souffrent et représentent jusqu'à 45 % des décès chez les enfants de moins de 5 ans. Le riz est un aliment de base pour la moitié de la population mondiale, mais les graines ont une faible teneur en vitamine B1, et le polissage (c’est-à-dire l’élimination des couches de son, en râpant les couches périphériques) aggrave encore les carences chroniques puisque jusqu'à 90 % de la teneur en thiamine se trouve dans les tissus retirés", ont signalé des chercheurs de l’université de Genève (Suisse) et de la National Chung Hsing University (Taïwan).
Dans le cadre d’une étude, publiée dans la revue Plant Biotechnology Journal, ils ont ainsi décidé de spécifiquement cibler l'augmentation de la teneur en vitamine B1 dans l'endosperme du riz, c'est-à-dire le tissu nourrissant qui constitue l'essentiel de la graine, et donc de ce qui est consommé. Cela leur a permis de générer des lignées de riz qui expriment un gène séquestrant la vitamine B1 de manière contrôlée dans les tissus de l'endosperme. Après avoir cultivés sous serre, récoltés et polis les grains, les auteurs ont constaté que la teneur en vitamine B1 était multipliée par 3 à 4 dans le riz issu de ces lignées modifiées. Dans le détail, un bol de 300 grammes de riz issu de cette culture fournit environ un tiers de l’apport quotidien recommandé en thiamine pour un adulte.
Pas d’impact sur le rendement
Pour une autre expérience, l’équipe a semé les lignées dans un champ à Taiwan et les a cultivées pendant plusieurs années. Selon elle, le riz biofortifié n’a pas compromis le rendement agronomique. Plus précisément, la hauteur des plantes, le nombre de tiges par plant, le poids des grains ou encore la fertilité étaient comparables. "La plupart des recherches de ce type sont réalisées avec des cultures cultivées en serre. Le fait que nous ayons pu cultiver nos lignées dans des conditions réelles de terrain, que l'expression du gène modifié soit stable dans le temps sans qu'aucune des caractéristiques agronomiques ne soit affectée, est très prometteur", a déclaré Wilhelm Gruissem, co-auteur de l’étude.