- Le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo a été détecté sur des tiques en Corse.
- Cette maladie peut évoluer vers des formes graves, parfois mortelles.
- L'ARS de Corse appelle à la vigilance lors des sorties en forêt ou dans les jardins.
Le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo circule en Corse. L’information a été révélée par Le Point, mercredi 24 avril. L’hebdomadaire cite une étude française parue dans la revue américaine Emerging Infectious Diseases, publiée par le Centers for Disease Control and Prevention (CFC), les autorités sanitaires américaines. "Nous rapportons la détection du virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) en Corse, annonce l’équipe de recherche de l’université de Corte, en Haute-Corse. Nous avons identifié le génotype I africain du CCHFV chez des tiques collectées sur des bovins dans 2 sites différents du sud-est et du centre-ouest de la Corse."
Qu’est-ce que la fièvre hémorragique de Crimée-Congo ?
Le virus, de la famille Nairovirus, se transmet à l’humain principalement par les morsures de tiques. Il est endémique en Afrique, dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Asie. En France, il a été détecté dans un élevage bovin des Pyrénées-Orientales, à l’automne dernier. L’Organisation mondiale de la Santé indique que les premiers symptômes apparaissent brutalement : fièvre, douleurs musculaires, vertiges, raideur, douleurs de la nuque, douleurs dorsales, céphalées, sensibilité des yeux, etc. Certaines personnes développent des formes graves, qui entraînent des hémorragies : le risque de décès est alors compris entre 10 et 40 %. En France, aucun cas humain n’a été détecté. "Une douzaine de cas humains autochtones de FHCC ont été rapportés en Espagne depuis 2016 dont certains chez des professionnels de santé", alerte toutefois Santé Publique France.
Fièvre hémorragique de Crimée-Congo : un virus présent sur les tiques et les animaux d’élevage
En Corse, l'équipe de recherche surveille le virus depuis plusieurs années. Les auteurs précisent avoir mené une première étude entre 2014 et 2016 sur des troupeaux de vaches, de chèvres et de moutons. Le virus avait été retrouvé dans 9,1 % des animaux, et les taux les plus élevés concernaient les bovins. "Une étude de surveillance ultérieure portant sur 8.051 tiques collectées sur des animaux sauvages (sangliers, cerfs et mouflons) et domestiques (bovins, chevaux, moutons) entre 2016 et 2020 n’a pas réussi à détecter l’ARN du FHCC", notent-ils.
Depuis 2022, les chercheurs corses continuent à surveiller le virus et son évolution : deux fois par mois, ils collectent des tiques sur des bovins dans deux abattoirs de l’île. Ce sont ces nouvelles investigations qui leur ont permis de repérer le virus sur les tiques. Face à cette découverte, ils appellent à la prudence. "La menace d’une éventuelle expansion et circulation continue du virus en Europe occidentale ne doit pas être ignorée, estiment-ils. Les professionnels de santé et les autres groupes à risque d’infection, notamment les chasseurs et les agriculteurs, doivent être informés de la circulation du FHCC en Corse."
Comment se protéger de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo ?
En réaction à l’article du magazine Le Point, l’Agence régionale de santé de Corse a publié de nouvelles précisions, mercredi 24 avril. "La présence du virus de la fièvre hémorragique de Crimée –Congo est connue en Corse depuis plusieurs années chez les bovins, rappelle-t-elle. Ce qui est nouveau, c’est la détection de la maladie chez les tiques, insectes vecteurs et donc rendant la maladie potentiellement transmissible à l’Homme."
De nouveaux messages de prévention devraient être prochainement publiés mais l’agence répète quelques principes de base : en forêt, dans un jardin ou dans le maquis, il faut porter des chaussures fermées et des vêtements de couleur claire pour repérer les éventuelles tiques. Au retour de chaque sortie, il faut vérifier scrupuleusement qu’aucune tique n’est présente sur le corps. "En cas de piqûre, détachez immédiatement les tiques fixées à l’aide d’un tire-tique ou une pince fine (n’utilisez en aucun cas de l’éther ou tout autre produit) et désinfectez la plaie, recommande l’ARS. Surveillez la zone de piqûre pendant plusieurs jours et consultez votre médecin en cas de symptômes (fièvre, fatigue, rougeur)."