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Cancérologie

Les mutations génétiques ne seraient pas toujours à l'origine des tumeurs

Par Mégane Fleury

Le cancer n’est pas toujours consécutif à des mutations génétiques : parfois, la maladie serait liée à des facteurs épigénétiques, soit des modifications de l’activité des gènes. 

peterschreiber.media/ISTOCK
Les mutations génétiques sont considérées comme l'une des principales causes de cancer.
Une étude démontre qu'elles ne sont pas impliquées dans tous les cancers.
Parfois, la maladie est consécutive à des facteurs épigénétiques, soit liée à des modifications de l'activité des gènes.

La recherche sur le cancer progresse. Jusqu’ici les scientifiques pensaient qu’il était principalement du à des mutations génétiques, comme celle du gène BRCA1 dans le cas du cancer du sein. Dans la revue Nature, des chercheurs du CNRS expliquent avoir découvert que ce n’est pas toujours le cas : certains cancers sont uniquement induits par des modifications épigénétiques.

Cancer : qu’est-ce que l’épigénétique ?

"L’épigénétique correspond à l’étude des changements dans l’activité des gènes, n’impliquant pas de modification de la séquence d’ADN et pouvant être transmis lors des divisions cellulaires, précise l’Inserm. Contrairement aux mutations qui affectent la séquence d’ADN, les modifications épigénétiques sont réversibles." Cette nouvelle découverte pourrait expliquer pourquoi des personnes partageant le même génome, comme des jumeaux, n’ont pas forcément le même cancer.

Comment comprendre les effets de l’épigénétique sur le risque de cancer ?

Cette découverte a été faite après un essai sur des drosophiles, des mouches largement utilisées dans les études génétiques. L’équipe de chercheurs français a modifié les quantités d’une sorte de protéine, appelée Polycomb. "En modifiant la température d’incubation d’une souche particulière de drosophiles pendant quelques heures, on inhibe la production de ces protéines Polycomb, sans toucher aux gènes qui les produisent", explique Giacomo Cavalli, un des principaux auteurs de l’étude, à Ouest-France.

Ils ont ensuite relancé l’activité de ces protéines. Lorsque la production de ces protéines était interrompue, des cancers se sont développées chez certaines mouches, mais après leur réactivation, les dysfonctionnements ont perduré. "Ce phénomène induit un état tumoral qui se maintient de manière autonome et qui continue à progresser, gardant en mémoire le statut cancéreux de ces cellules alors même que le signal qui l’a provoqué a été restauré", développent les auteurs dans un communiqué. 

De nouvelles perspectives pour la cancérologie  

Cette observation donne de nouvelles perspectives à la cancérologie. "Si des études ont déjà souligné l'influence de ces processus dans le développement de cancers, c'est la première fois qu'il est démontré que les mutations génétiques ne sont pas indispensables à l’apparition de la maladie, indiquent les scientifiques. Cette découverte pousse ainsi à reconsidérer la théorie qui, depuis plus de 30 ans, suppose que les cancers sont des maladies majoritairement génétiques provoquées nécessairement par des mutations d’ADN qui s’accumulent au niveau du génome."

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