- Des chercheurs ont constaté des différences dans le microbiote intestinal des nourrissons qui ont ensuite développé des troubles du développement neurologique par rapport à ceux qui n'ont pas connu cette évolution.
- Le citrobacter était par exemple plus fréquent chez les enfants ayant développé des troubles du développement neurologique, tandis que la présence de coprococcus était associée à une diminution de ce risque.
- Cela suggère que certains éléments présents dans l'intestin peuvent soit contribuer au développement de troubles tels que les TSA et le TDAH, soit en protéger les enfants.
Une nouvelle étude vient de mettre au jour une association entre le contenu de la flore intestinale des jeunes enfants et l'apparition de l'autisme (TSA) ou du trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) plus tard dans la vie.
La recherche, qui fait partie de l'étude ABIS (All Babies in Southeast Sweden), a suivi plus de 16.000 enfants nés dans le sud-est de la Suède entre octobre 1997 et octobre 1999. La collecte de données a commencé à la naissance et s'est poursuivie jusqu'au début de la vingtaine. Des éléments biologiques tels que des échantillons de cordon et de selles ont été recueillis, ainsi que des questionnaires détaillant les antécédents médicaux de la famille, les habitudes alimentaires, le mode de vie et l'environnement.
Flore intestinale : quel impact sur les TSA et le TDAH ?
Les chercheurs ont constaté des différences distinctes dans le microbiote intestinal des nourrissons qui ont ensuite développé des troubles du développement neurologique par rapport à ceux qui n'ont pas connu cette évolution. Le citrobacter était par exemple plus fréquent chez les enfants ayant développé des troubles du développement neurologique, tandis que la présence de coprococcus était associée à une diminution de ce risque.
Par ailleurs, les enfants diagnostiqués plus tard comme autistes présentaient des niveaux nettement inférieurs d'acide linolénique, un acide gras nécessaire à la production d'acides gras oméga-3, qui ont des propriétés anti-inflammatoires et jouent divers rôles dans les fonctions cérébrales. À l'inverse, ces enfants présentaient des niveaux plus élevés de PFAS, des produits chimiques couramment utilisés comme retardateurs de flamme et autres, et connus pour avoir un impact négatif sur le système immunitaire.
Cela suggère que certains éléments présents dans l'intestin peuvent soit contribuer au développement de troubles tels que les TSA et le TDAH, soit en protéger les enfants.
Flore intestinale, TSA et TDAH : des différences dès la première année
"L'aspect remarquable de ce travail est que ces biomarqueurs sont trouvés à la naissance dans le sang du cordon ombilical ou dans les selles de l'enfant, soit plus de dix ans avant le diagnostic", souligne Eric W. Triplett, professeur à l'université de Floride et auteur de l'étude.
"L'étude montre qu'il existe des différences évidentes dans la flore intestinale, dès la première année de vie, entre les personnes qui développent un autisme ou un TDAH et celles qui n'en développent pas. Nous avons aussi trouvé des associations avec certains facteurs qui affectent les bactéries intestinales, comme le traitement antibiotique au cours de la première année de l'enfant", complète Johnny Ludvigsson, professeur à l'Université d'Helsinki et co-auteur de l'étude.
En dépit de ses enseignements, l'étude présente des limites. Ses conclusions sont par exemple basées sur une cohorte suédoise, ce qui peut limiter la généralisation des résultats à d'autres populations.
L'étude, intitulée "Infant microbes and metabolites point to childhood neurodevelopmental disorders", a été rédigée par Angelica P. Ahrens, Tuulia Hyötyläinen, Joseph R. Petrone, Kajsa Igelström, Christian D. George, Timothy J. Garrett, Matej Orešič, Eric W. Triplett et Johnny Ludvigsson.