Environ 5.800 hospitalisations pour bronchiolite après passage aux urgences ont été évitées grâce à la campagne d’immunisation préventive des nourrissons lancée à la rentrée 2023, selon une nouvelle étude publiée par Santé publique France et l’Institut Pasteur.
Le Beyfortus, une efficacité estimée entre 76 % et 81 %
Dans un communiqué, les résultats de deux études montrent que l’administration du Beyfortus, un traitement préventif pour limiter les risques de bronchiolite chez les nourrissons, a été très efficace lors de la saison 2023/2024. Dans le cadre de la campagne de prévention, tous les nourrissons nés après le 6 février 2023 ont pu bénéficier du Beyfortus.
Le Beyfortus n’est pas un vaccin, selon la Haute autorité de santé (HAS), et sa durée de protection est d’au moins 5 mois. La substance active est le nirsévimab, un anticorps monoclonal. Celui-ci “se lie à une protéine appelée “protéine F” à la surface du Virus Respiratoire Syncitial (VRS), [principal virus responsable de la bronchiolite, ndlr], indique l’Agence européenne des médicaments (EMA). Lorsque le nirsévimab est lié à cette protéine, le virus devient incapable de pénétrer dans les cellules de l’organisme, en particulier celles des poumons. Cela contribue à prévenir l’infection par le VRS.”
Santé Publique France et l’Institut Pasteur ont donc voulu mesurer l’efficacité de cette campagne de prévention et donc du Beyfortus. Pour cela, ils ont mené deux études. Dans la première, les données de 288 nourrissons, récoltées entre le 15 septembre 2023 et le 31 janvier 2024, ont permis de confirmer que l’efficacité “en vie réelle du nirsevimab (Beyfortus®) [était] estimée entre 76 % et 81 % (...) sur la prévention des cas de bronchiolite à VRS admis en réanimation.”
Moins d’hospitalisation grâce au Beyfortus
Dans la seconde étude, les chercheurs ont changé de méthode. Cette fois, ils ont développé un modèle mathématique pour évaluer l’efficacité du traitement. Résultats : grâce au Beyfortus, environ 5.800 hospitalisations pour bronchiolite à VRS après passage aux urgences ont été évitées entre le 15 septembre 2023 et le 4 février 2024, dont 4.200 chez les enfants âgés de 0 à 2 mois. “Cela correspond à une réduction de 23 % du nombre total d'hospitalisations pour bronchiolite à VRS après passage aux urgences”, soit un enfant traité sur 39.
“Avec une hospitalisation pour bronchiolite à VRS évitée pour environ 40 enfants traités, notre étude met en évidence la pertinence de l'administration du nirsevimab pour réduire les hospitalisations dues au VRS, conclut Simon Cauchemez, responsable de l’unité de Modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur. Les deux études utilisent des approches différentes. L’une analyse les données en situation réelle dans les services de réanimation pédiatrique alors que l’autre modélise les données de surveillance en population; mais elles aboutissent à des estimations similaires de l’efficacité du nirsevimab. Par ailleurs, les travaux de modélisation apportent des informations supplémentaires, par exemple sur le nombre d’hospitalisations évitées. Cela montre bien l’intérêt d’utiliser ces approches complémentaires pour évaluer l’impact des mesures de santé publique.”