Verre à moitié vide ou verre à moitié plein ? Chacun jugera mais, en tout cas, les chiffres ne laissent aucun doute : un couple confronté à un problème d'inferttilité masculine a une chance sur deux d’avoir un enfant. C’est ce que vient de révéler une étude menée au Centre de stérilité masculine de Toulouse. La nouvelle mérite d’être soulignée car jusqu’à maintenant, l’infertilité a surtout été étudiée sous l’angle féminin. Les chances de succès après une ICSI, une fécondation in vitro ou encore une insémination artificielle ont été mesurées, évaluées, soupesées mais la plupart du temps l’homme était relégué au second plan. Cette étude a le mérite de changer de perspective. Et une chance sur deux d’avoir un enfant, c’est ni plus ni moins le même résultat que quand l’infertilité vient de la femme. D’ailleurs, les soucis de stérilité sont équitablement répartis. Sur l’ensemble des couples qui viennent consulter pour tenter d’avoir un enfant, 30% se heurtent à une infertilité masculine, 30% à une infertilité féminine, et pour les 40% restants, le problème est double.
Mais l’équipe de chercheurs toulousains a voulu en savoir plus. Et notamment, comment étaient-ils parvenus à avoir un enfant. Pour cela, 1200 couples ont été interrogés quatre ans après avoir été pris en charge au centre de stérilité masculine. Première information : 16% avaient atteint leur objectif tout à fait naturellement, sans aucune aide de la science. Près d’un tiers – 32%- devaient leur grossesse menée à terme à l’assistance médicale à la procréation, 8% à un traitement médical ou chirurgical et 4% à l’adoption. Les calculs statistiques font dire aux chercheurs que l’hypothèse la plus « réaliste » se situe autour de 48% de chances de succès d’avoir un enfant.
Mais, cette moyenne cache de fortes disparités. Et ce qui fait grimper ou chuter les chances de devenir parents, c’est essentiellement l’âge des parents au moment de la conception.
Marie Walschaerts, épidémiologiste dans le groupe de recherche en fertilité humaine de l'université Paul Sabatier à Toulouse. « Avant 35 ans, les chances d’avoir un enfant sont deux fois plus importantes qu’après 35 ans ».
Aujourd’hui, l’âge moyen de la mère à la naissance de son premier enfant se rapproche dangereusement de la barre fatidique des 30 ans. Or, la fertilité est à son comble… dix ans plus tôt. Quant à l’âge où un homme devient père, là aussi les statistiques sont étrangement muettes. Une étude française publiée en 2008 avait déjà révélé que les couples ayant recours à une insémination artificielle avaient trois plus de risques de se retrouver confrontés à une fausse couche quand le père a plus de 40 ans.
Marie Walschaerts: « cela devrait inciter les hommes à consulter régulièrement un andrologue comme les femmes le font avec leur gynécologue ».
Aujourd’hui, un couple sur sept consulte pour des problèmes d’infertilité. Et selon le dernier bilan réalisé par l’agence de biomédecine, un enfant sur 40 est aujourd’hui issu d’une assistance médicale à la procréation.