- La vaccination contre la grippe saisonnière est recommandée chez les patients atteints de SEP traités par immunosuppresseurs ou ayant un handicap important. Elle peut être proposée chez tous les autres patients présentant une SEP.
- Sous traitement immunosuppresseur, il est conseillé de se faire vacciner contre la grippe saisonnière tous les ans, et contre le SARS-CoV-2 deux fois par an.
- La réponse immunitaire aux injections vaccinales peut varier selon le traitement de fond administré pour la SEP.
Même si le calendrier vaccinal émis tous les ans par la HAS est applicable aux personnes atteintes de SEP (Sclérose En Plaques), quelques petites spécificités méritent qu’on s’y attarde.
Des nouveautés pour 2024
D’après la mise à jour 2024 des recommandations de la Société Francophone de la Sclérose en Plaques (SFSEP), il y a certaines modifications, notamment pour la vaccination contre le SARS-Cov2 (COVID-19).
En effet, le rappel de la vaccination anti-SARS-CoV-2 est recommandé aux personnes à risque de forme grave (personnes âgées de 65 ans ou plus, patients ayant une SEP traités par immunosuppresseurs ou ayant un handicap important, femmes enceintes), ainsi qu’aux personnes de leur entourage ou en contact régulier avec elles.
Il est également préconisé d’effectuer une injection vaccinale supplémentaire contre le SARS-CoV-2 lors de la primovaccination pour les patients traités par anti-CD20.
Des précautions vis-à-vis des traitements
Il est recommandé également de ne pas effectuer de cure de méthylprednisolone (traitement de crise d’une poussée de SEP) dans le mois suivant une vaccination avec vaccin vivant atténué. Inversement, il est préférable de ne pas effectuer de vaccin vivant ou inerte dans le mois qui suit une cure de méthylprednisolone.
Avant la mise en route d’un traitement immunosuppresseur, les recommandations vont dans le sens d’une vaccination contre la varicelle en l’absence d’antécédent de maladie ou de séropositivité contre le VZV (Virus Varicelle-Zona) et d’une vérification avec mise à jour de la protection contre l’hépatite B, le pneumocoque et la protection contre l’HPV.
Sous traitement immunosuppresseur, il est conseillé de se faire vacciner contre la grippe saisonnière tous les ans, et contre le SARS-CoV-2 deux fois par an.
Des recommandations ont été émises concernant le délai entre la vaccination avec un vaccin vivant atténué et le début d’un traitement immunosuppresseur ou sa prochaine dose :
-pas de délai pour l’interféron et l’acétate de glatiramère qui peuvent être débutés le même jour ;
-48 heures après l’injection pour les échanges plasmatiques ;
-2 semaines pour le diméthyl fumarate, le diroximel fumarate et le tériflunomide ;
-4 semaines pour le natazilumab et les bolus de corticoïdes ;
-6 semaines pour les anti-CD20, le fingolimod, le pinésimod, la cladribine, le rituximab, l’ofatumumab et l’ocrézilumab.
Particularités : enfants et adolescents
Concernant les enfants et adolescents atteints de SEP, il y a quelques autres recommandations :
-suivre le calendrier vaccinal de la population générale qui doit être à jour avant de commencer tout traitement ;
-être vacciné contre l’HPV dès l’âge de 9 ans si un traitement immunosuppresseur est envisagé.
A noter que plusieurs injections vaccinales peuvent être administrées le même jour, avec un maximum de 3 (dont 1 seul vaccin vivant), tout en respectant au moins 15 jours d’intervalle entre 2 injections de vaccins inertes si un seul vaccin par administration est effectué. Il est conseillé de respecter au moins un mois d’intervalle entre 2 injections de vaccins vivants atténués.
Les femmes avant, pendant et après la grossesse
Dès le désir de grossesse, il est préférable que les vaccinations soient à jour, notamment le ROR et le vaccin contre la varicelle qui sont contre-indiqués pendant la grossesse car étant des vaccins vivants atténués.
D’ailleurs aucun vaccin vivant ne doit être injecté dans le mois suivant la conception.
Le vaccin anti-grippal inactivé est recommandé avant ou au début de la période épidémique quel que soit le trimestre de la grossesse.
La vaccination anti-Covid-19 est possible quel que soit le trimestre de la grossesse (seul le vaccin Comirnaty* est possible chez les femmes enceintes de moins de 30 ans).
Il est préconisé de vérifier l’immunisation contre la rubéole, la varicelle et l’hépatite B au cours de la grossesse. En l’absence d’immunisation, il est recommandé de vacciner après l’accouchement avant la reprise des traitements immunosuppresseurs.
Il faut se souvenir que la vaccination contre la fièvre jaune est contre-indiquée pendant l’allaitement tant que le nourrisson n’a pas atteint l’âge de 6 mois. Mais tous les autres vaccins sont autorisés, y compris les autres vaccins vivants atténués.
Des voyages à l’étranger sécurisés
Pour les patients atteints de SEP (traitement de fond en place ou non) qui souhaitent voyager, il est recommandé de discuter avec son médecin le plus tôt possible des projets de déplacements à l’étranger.
Si le voyage a lieu en régions subtropicales ou tropicales, le patient est invité à consulter son neurologue ou un centre de vaccination afin d’évaluer le rapport bénéfice-risque des spécificités vaccinales et des traitements prophylactiques nécessaires du pays de destination. Il est recommandé d’effectuer la mise à jour des vaccins nécessaires au voyage au moins 15 jours avant le départ.
De même, une discussion avec le neurologue doit être envisagée par rapport à un éventuel arrêt momentané du traitement immunosuppresseur en cas de nécessité absolue d’effectuer un vaccin vivant atténué. A ce titre, les centres de vaccinations internationales sont d’une grande aide.
Petite précision : le vaccin de la fièvre jaune peut être utilisé chez les patients SEP en dehors de tout traitement immunosuppresseur.
Des recommandations inchangées en 2024
Certaines mesures existaient déjà, mais peuvent être rappelées.
Il est toujours fortement recommandé de mettre à jour ses vaccinations selon le calendrier vaccinal en cours le plus tôt possible après le diagnostic de SEP et avant le début d’un traitement immunoactif (Recommandation du Haut Conseil de la Santé Publique). Il est conseillé à l’entourage immédiat (proche) d’une personne immunodéprimée par son traitement d’avoir des vaccinations à jour, d’être vacciné contre la grippe saisonnière et, en cas de sérologie négative, contre la varicelle.
Si le suivi vaccinal de la personne n’est pas connu, nul besoin de faire des sérologies de contrôle. Il est préférable de revacciner complètement.
La vaccination contre la grippe saisonnière est également recommandée chez les patients atteints de SEP traités par immunosuppresseurs ou ayant un handicap important. Elle peut être proposée chez tous les autres patients présentant une SEP.
Point de vigilance qui ne change pas : sous immunosuppresseur ou en situation d’immunosuppression, il ne faut pas injecter à une personne atteinte de SEP des vaccins vivants atténués.
La réponse immunitaire aux injections vaccinales peut varier selon le traitement de fond administré pour la SEP. En effet, cette réponse n’est pas diminuée sous interféron bêta, acétate de Glatiramer, fumarates (mais aucune donnée avec le Diroximel ou les personnes lymphopéniques), teriflunomide, natalizumab, alemtuzumab, cladribine. En revanche, elle est diminuée pour la mitoxantrone, les modulateurs des récepteurs S1P, les anti-CD20.