Dans l’aérospatiale, le terme burn out désigne l’épuisement de carburant d’une fusée. Une étude présentée la semaine dernière aux Journées du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et rapportée par l’Agence de presse médicale montre que près de la moitié des professionnels de la naissance sont eux-aussi au bout du rouleau.
Dans le cadre de sa thèse de médecine générale, Anita Hastoy a réalisé une enquête sous forme d’auto-questionnaire anonyme auprès des 143 médecins et internes obstétriciens, anesthésistes, pédiatres et sages-femmes travaillant dans la salle de naissance et aux urgences de la maternité Paule-de-Viguier du CHU de Toulouse. Il s’agit de la seule maternité de niveau 3 de la région Midi-Pyrénées, elle réalise donc près de 4800 accouchements par an dont des situations de très grande prématurité. Les soignants devaient compléter différents types d’échelles pour évaluer leur santé, leur état émotionnel et leur vécu au travail, sans jamais que le terme ne soit évoqué pour ne pas orienter les réponses.
Résultat, 39% d’entre eux, précisément 27 médecins et 29 sages-femmes présentent un burn-out, c’est-à-dire au moins un des 3 signes suivants : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation ou la réduction de l’accomplissement personnel. 6 soignants souffrent d’un burn-out sévère dans lequel les 3 dimensions de la pathologie sont atteintes. « Il n’y avait pas de différence de taux de burn-out entre médecins et sages-femmes, ni en fonction de l’âge ou de l’ancienneté dans la profession ni sur les critères d’hygiène de vie comme le tabagisme ou la pratique d’un sport », a souligné Anita Hastoy pendant sa présentation.
Quand le burn-out mène à l'erreur médicale
Lorsqu’on cherche les raisons de ce mal-être, 29% des médecins et 47% des sages-femmes estiment devoir travailler d’une façon qui heurte leur conscience et la très grande majorité des soignants considèrent que l’administration ne se donne pas les moyens d’améliorer leurs conditions de travail. 59% des sages-femmes et 27% des médecins rapportent régulièrement des erreurs ou des oublis liés à ces conditions de travail. Autre difficulté, plus d’un tiers des soignants estiment que leur activité ne leur permet plus de préserver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
« La première prévention du burn-out, c’est d’en parler », écrit Anita Hastoy dans son mémoire de thèse. Mais seuls 8% des soignants interrogés connaissent l’existence des structures d’aide et 54% des médecins n’ont pas de médecin traitant autre qu’eux-mêmes. Un numéro vert d’aide et d’écoute pour l’ensemble des professionnels des maternités est à l’étude, inspiré de celui mis en place le 1er octobre pour les anesthésistes-réanimateurs.