Elle a tout de la pilule miracle, sauf peut être le nom, baptisée « LNP 599 » par les chercheurs de la faculté de médecine de Strasbourg, cette molécule permettrait, à elle seule, de prévenir la plupart des maladies cardiovasculaires. C’est en tout cas ce que pensent ces scientifiques français qui viennent de publier leurs travaux dans le Journal of Pharmacology and Experimental Therapeutics.
Un système nerveux activé en excès dans le syndrome métabolique
Alors que les AVC, le diabète ou même l’hypertension touchent de plus en plus de personnes, notamment à cause de l’augmentation de l’obésité, les auteurs de cette étude ont cherché un moyen innovant pour lutter contre bon nombre de ces maladies cardiovasculaires. « Nous avons cherché à identifier une cible unique qui pourrait agir sur tous les troubles qui composent le syndrome métabolique. Que ce soit l’hypertension, l’intolérance au glucose, l’hypercholestérolémie ou encore l’excès de poids, tous reconnus comme des facteurs de risques d’infarctus ou d’AVC par exemple » explique le Pr Pascal Bousquet, principal auteur de cette étude. C’est ainsi qu’ils ont mis en évidence le rôle crucial du système nerveux autonome dans la genèse des maladies cardiovasculaires et métaboliques. Plus précisément, chez les personnes touchées par un syndrome métabolique, cette équipe a contribué à démontrer que le système nerveux dit « sympathique », serait anormalement activé en excès. Leur idée a donc été de trouver un traitement capable d’inhiber son activité. « A partir de cette cible unique on a imaginé une molécule unique capable d’agir comme le font actuellement les associations de 3 à 5 médicaments » ajoute t-il.
Ecoutez le Pr Pascal Bousquet, pharmacologue à l’université de Strasbourg : « Chez le rat avec un syndrome métabolique humain, on a montré que notre molécule par voie orale est susceptible de diminuer la pression artérielle de 25% et le cholestérol de 30% ».
Une molécule qui agit sans aucun effet secondaire
C’est donc grâce à un mode d’action original permettant d’inhiber l’hyperactivité du système nerveux sympathique que cette molécule parvient à réduire tous les symptômes du syndrome métabolique chez la souris. Les résultats de cette étude seraient d’autant plus prometteurs selon ces chercheurs, que pour le moment aucun effet indésirable n’a pu être détecté, ni in vitro, ni in vivo. En effet à l’heure actuelle, chaque symptôme du syndrome métabolique que ce soit le cholestérol ou encore l’hypertension par exemple, est traité séparément, grâce à des médicament différents. Le problème c’est que ce type de prise en charge sensée prévenir l’apparition d’une maladie cardiovasculaire plus grave implique un traitement lourd. Certains de ces patients prennent jusqu’à 6 pilules chaque jour, avec les risques d’interaction médicamenteuse que cela entraine et une accumulation des effets indésirables. Si les résultats de cette étude chez les rongeurs sont confirmés chez l’homme, la mise au point d’un médicament unique présenterait de nombreux avantages.
Ecoutez le Pr Pascal Bousquet : « C’est toujours plus facile d’être observant avec 1 médicament qu’avec 5 ou 6. Enfin chez l’animal a montré une meilleure efficacité avec cette unique molécule qu’avec les associations. »
Si ce candidat-médicament confirme son efficacité chez l’homme, d’après le Pr Bousquet il pourrait être commercialisé d’ici 5 à 8 ans. Pour le moment cette équipe strasbourgeoise est à la recherche d’un partenaire industriel susceptible de financer les essais cliniques chez l’homme. « Si la molécule LNP 599 devient réellement un jour un médicament, elle pourrait concerner tous les hommes et les femmes d’âge mûr qui ont une hypercholestérolémie modérée, qui ont un pré-diabète, c’est à dire une intolérance au glucose ou encore une hypertension modérée, bref tous ceux qui ont un syndrome métabolique et donc un risque avéré de développer des maladies cardiovasculaire ou rénale » conclut le Pr Bousquet. Actuellement différentes analyses estiment que près de 30% des adultes dans le monde sont touchés par un syndrome métabolique.