La maladie d’Alzheimer se traduit par une lente dégénérescence des neurones. Dans un premier temps, cette pathologie affecte principalement la mémoire avant de s’étendre petit à petit à d’autres fonctions cognitives du cerveau comme le langage, le raisonnement ou l’apprentissage.
Un déclin cognitif plus rapide chez les patients souffrant d’épilepsie et de la maladie d’Alzheimer
Dans une récente étude publiée dans la revue Brain, des chercheurs américains ont observé les tissus post-mortem de patients atteints par la maladie d’Alzheimer et ayant vécu au moins une crise d’épilepsie. Ils ont alors constaté que deux neurotransmetteurs, le glutamate et le GABA, qui travaillent ensemble pour gérer les messages entre les neurones, étaient déréglés. Les neurones de ces personnes présentaient une excitabilité accrue et une inhibition supprimée. Cela signifie que le cerveau envoie plus de signaux entre les neurones qu’il n’en a besoin. Les auteurs de l’étude ont qualifié cet état de "cerveau hyperactif".
Selon les scientifiques, cette altération des neurones pourrait expliquer pourquoi les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et ayant eu des crises d’épilepsie présentent un déclin cognitif plus rapide que celles qui ne souffrent pas de crises d’épilepsie. "Maintenant que nous avons identifié les mécanismes qui provoquent une surexcitation des neurones et entraînent des crises accélérant la maladie d'Alzheimer, nous pouvons explorer des thérapies, qui peuvent inverser le déséquilibre et ralentir la progression de cette pathologie", a expliqué Frances E. Jensen, auteure principale de l’étude et présidente du département de neurologie de l'école de médecine Perelman de l'université de Pennsylvanie (États-Unis).
Maladie d’Alzheimer : les effets d’un immunosuppresseur pour préserver les fonctions cognitives
L’équipe américaine a ensuite analysé les effets de la rapamycine, un immunosuppresseur principalement indiqué après une transplantation d’organe, sur des souris touchées par la maladie d’Alzheimer et par des crises d’épilepsie. Ils ont remarqué que ce traitement permettait de réguler les neurones surexcités et de préserver les fonctions cognitives telles que la mémoire et l’apprentissage.
Dans le cadre de cette étude, l’activité cérébrale des rongeurs a aussi été surveillée, afin de déterminer à quel stade de la maladie d’Alzheimer, ce dysfonctionnement neuronal survient. Avant même l’apparition des symptômes cognitifs, une augmentation de l'excitabilité et une diminution de l'inhibition des neurones sont survenues dès les premiers stades de la pathologie chez les sujets. "Lorsque la maladie d'Alzheimer est diagnostiquée, pour un bon nombre de personnes, lorsqu'elles commencent à recevoir des traitements, la maladie est déjà avancée et elles ont perdu une grande partie de leurs fonctions cognitives (…) Notre recherche est une étape passionnante vers la possibilité d'intervenir avec un traitement avant l'apparition des symptômes, afin de ralentir les effets dévastateurs de l'affection", a noté Aaron Barbour, co-auteur des travaux et chercheur postdoctoral au département de neurologie de l'école de médecine Perelman.