Le premier vaccin au monde a plus de 200 ans. Depuis ces sérums ont montré leur efficacité dans la prévention de nombreuses maladies. Aujourd’hui, les scientifiques s’intéressent notamment à son utilisation contre le cancer. Des vaccins pourraient permettre d’entraîner le système immunitaire à lutter contre les cellules cancéreuses. C’est ce que démontre une équipe de l'école d’ingénierie moléculaire de l’université de Chicago dans Blood Advances. Ils prouvent que la vaccination, combinée à l’immunothérapie permettrait de réduire la mortalité de la leucémie myéloïde aiguë, un cancer du sang.
Vaccin contre le cancer : comment repérer les cellules cancéreuses ?
"D'un point de vue immunitaire, le cancer peut avoir l’apparence d’un tissu sain, de sorte que le système immunitaire ne déclenche pas toujours une réponse spontanée", rappelle Anna Slezak, doctorante en génie moléculaire et autrice principale de l’article scientifique. Avec son équipe, elle travaille sur des méthodes d’identification des cellules cancéreuses pour réussir à les cibler. "Les cellules tumorales, contrairement aux cellules saines, possèdent des molécules de cystéine non-appariées à leur surface en raison d'une dérégulation métabolique et enzymatique", annonce-t-elle. Ces acides aminés peuvent devenir la cible recherchée.
La méthode consiste à attacher un médicament au matériau qui cible ces acides aminés pour renforcer la réponse immunitaire et transformer la cellule tumorale en vaccin. "Notre matériau se lie spécifiquement à ces thiols libres (le nom donné aux molécules non-appariées ndlr) et peut attacher notre adjuvant à la cellule tumorale, aux débris tumoraux, quel que soit le thiol auquel il est relié", indique Anna Slezak. Concrètement, cela permet de marquer les cellules cancéreuses ou leurs débris dans le sang et de déclencher la réponse immunitaire.
Vaccin et immunothérapie : une double stratégie contre le cancer
Pour provoquer une réaction encore plus efficace, les chercheurs ont combiné l’administration du vaccin avec un traitement à la cytarabine, une chimiothérapie couramment administrée aux patients atteints de leucémie myéloïde aiguë. Cela a permis d’augmenter "de manière significative" le taux de survie après l’administration du vaccin par intraveineuse. Selon les auteurs, comme cette approche vaccinale ne cible aucune protéine cancéreuse spécifique, elle pourrait être applicable à d’autres cancers du sang. Pour l’heure, ces différents essais ont été uniquement réalisés sur des souris de laboratoire. Les chercheurs américains soulignent qu’il faudra réaliser encore beaucoup de travaux pré-cliniques avant de lancer des essais cliniques sur des patients.