“Le cerveau, bien qu’il ne représente que 2 % du poids total du corps, utilise jusqu’à 25 % de notre apport énergétique provenant de ce que nous mangeons”, rappellent en préambule d'un communiqué envoyé aux rédactions Hélène Amieva, Professeur des Universités en Psychogérontologie et membre du Conseil Scientifique de l’Observatoire B2V des Mémoires, ainsi que Guillaume Ferreira, Directeur de recherche en nutrition et cerveau à l’INRA à Bordeaux. Comme le sommeil et l’activité physique, l’alimentation est bien l’un des piliers d’un cerveau en bonne santé.
Mémoire : certains régimes sont plus néfastes que d’autres
“Les recherches cliniques et expérimentales, tant sur les humains que sur les animaux, convergent pour dire que les régimes alimentaires déséquilibrés, riches en lipides saturés et en sucres (favorisant l'obésité), ont un impact négatif sur la mémoire”, précisent les chercheurs. Cela serait d’autant plus marqué pour la mémoire épisodique qui est dépendante de l’hippocampe. C’est celle qui nous permet de nous souvenir des événements vécus avec leur contexte. “Il convient d'être particulièrement vigilant durant l’adolescence, période cruciale de maturation cérébrale, où l’hippocampe est particulièrement sensible à notre environnement alimentaire.”
Le régime méditerranéen réduit le risque de développer la maladie d’Alzheimer
Les scientifiques coupent court aux idées reçues concernant les remèdes miracle, assurant qu’ “aucun aliment, aussi bénéfique soit-il, ne peut à lui seul améliorer la mémoire ou contrer les effets du vieillissement sur le cerveau”. Seule la “combinaison synergique de différents nutriments sur le long terme” peut influencer de façon positive la santé cérébrale.
“Actuellement, les preuves scientifiques les plus solides soutiennent l’efficacité du régime méditerranéen.” Ce régime se caractérise par une consommation régulière de céréales complètes, de fruits et légumes, de légumineuses, de poissons, de noix et graines, d’huile d'olive, d’ail et d’oignon. Volailles, œufs, produits laitiers et sucreries doivent être consommés de façon modérée. Les viandes rouges sont quant à elles rarement présentes au menu. Ce régime implique également un apport calorique quotidien raisonnable, allant de 1.800 à 2.500 calories par jour. “Les bienfaits protecteurs de ce régime contre les maladies cardio-vasculaires ont été largement démontrés, et ces mêmes nutriments pourraient contribuer à limiter les lésions cérébrales liées aux vaisseaux sanguins, retarder le déclin mnésique lié à l'âge, voire réduire le risque de développer la maladie d'Alzheimer.”
Le jeûne a-t-il un impact positif sur la mémoire ?
Concernant le jeûne alimentaire, qui consiste à se priver volontairement d’aliments durant une période plus ou moins longue, les scientifiques préfèrent rester prudents. “Des résultats suggèrent que le jeûne induirait une augmentation de la production d'une protéine appelée BDNF, un facteur neurotrophique qui favorise la neurogenèse (l’ensemble du processus de formation d'un neurone fonctionnel du système nerveux à partir d’une cellule souche neurale). [Mais] à ce jour, les études qui se sont intéressées aux effets du jeûne sur les fonctions cognitives et la mémoire ne montrent pas de bénéfice réel.”