Plus d’un fumeur sur deux souhaite arrêter la cigarette, d’après Tabac Info Service. La crainte de prendre du poids conduit certains fumeurs à repousser les tentatives pour arrêter. Néanmoins, les scientifiques peinent à identifier les liens spécifiques entre arrêt du tabac et gain de poids. Au Congrès européen sur l’obésité, organisé à Venise du 12 au 15 mai, des chercheurs de l’université de Loughborough, au Royaume-Uni, ont présenté leur hypothèse. D’après leurs travaux, les fumeurs ont tendance à manger moins sainement que les non-fumeurs.
Tabac et alimentation : comment analyser les effets de l’arrêt ?
Pour parvenir à ces résultats, ils ont analysé les données de plus de 83.000 adultes majeurs. Celles-ci ont été collectées entre 2004 et 2022, lors de programmes d’évaluation de la santé. Les chercheurs britanniques se sont intéressés au statut tabagique des participants (fumeur ou non-fumeur), à leur âge et à leurs habitudes en matière d’alimentation. "L’indice de masse corporelle a également été mesuré lors des évaluations de santé", indiquent-ils.
Cela leur a permis de constater que les fumeurs ont de moins bonnes habitudes alimentaires que les autres. Le fait d’être fumeur multiplie par deux la probabilité de sauter des repas, et de passer plus de temps sans manger, en comparaison des non-fumeurs. S’ils ont tendance à moins grignoter et à moins percevoir la nourriture comme une récompense, l’analyse des chiffres montre que les fumeurs mangent davantage de produits frits que les non-fumeurs. Ils ont aussi tendance à ajouter davantage de sucre dans leurs plats. Pour le sel, le fait d’être fumeur augmente de 70 % la probabilité de re-saler ses plats. "En outre, la relation entre le tabagisme et une probabilité plus élevée d’ajouter du sel et du sucre aux repas était plus forte chez les hommes que chez les femmes, ce qui suggère que les fumeurs masculins pourraient être particulièrement sensibles à des habitudes alimentaires moins saines", estiment les auteurs.
Arrêt du tabac : mieux accompagner les fumeurs dans leur gestion du poids
Selon eux, cela pourrait expliquer pourquoi l’arrêt du tabac est généralement suivi d’une prise de poids. "Ces résultats rappellent l'importance d’inclure le soutien nutritionnel et l’aide à la gestion du poids dans les efforts à grande échelle visant à prévenir et à réduire le tabagisme dans la population britannique en général, affirme l’autrice principale de cette recherche, Arwa Alruwaili de l'Université de Loughborough, dans un communiqué. Cela pourrait contribuer à promouvoir des tentatives d’arrêt du tabac plus efficaces et à améliorer les habitudes alimentaires des gens ainsi que la lutte contre les nombreuses maladies liées à ces deux risques majeurs pour la santé."
En France, Tabac Info Service fournit plusieurs conseils aux personnes désireuses d’arrêter mais inquiètes à l’idée de prendre du poids : commencer la journée avec un petit-déjeuner, ne pas sauter de repas, consommer des légumes et des féculents, boire régulièrement et limiter l’alcool. Selon l’organisme, la moitié des fumeurs prend cinq kilos au maximum en arrêtant de fumer.