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Neurologie

Alzheimer : 20 % des cas seraient dus à des copies du gène APOE4

Par Stanislas Deve

Une équipe de neurologues a découvert que jusqu'à 20 % de tous les cas de maladie d'Alzheimer peuvent être attribuables à des copies doubles du gène APOE4.

kirstypargeter / istock
Il existe deux types de maladies d’Alzheimer : les formes génétiques et les formes d'apparition tardive. Des travaux ont montré que les gènes homozygotes APOE4, c’est-à-dire ayant deux copies, sont un facteur de risque de la forme génétique de la maladie.
Mais une nouvelle étude suggère qu’ils ne seraient pas seulement un facteur favorisant la maladie d’Alzheimer, mais bel et bien la cause de la maladie dans certains cas. Entre 15 et 20 % des cas de maladies d’Alzheimer peuvent probablement être attribuables à des patients ayant deux copies de ce gène.
Preuve, selon les chercheurs, que "les cas de maladies d’Alzheimer impliquant des gènes APOE4 homozygotes devraient être considérés comme un type unique d’Alzheimer, et pas seulement comme un facteur de risque".

Touchant près d’un million de personnes en France, la maladie d'Alzheimer est un type spécifique de démence qui implique une détérioration mentale due à une dégénérescence progressive du cerveau. On estime qu'il existe deux principaux types de maladies d’Alzheimer : les formes génétiques et les formes d'apparition tardive. Des travaux antérieurs ont montré que les gènes homozygotes APOE4, c’est-à-dire ayant deux copies conformes, sont un facteur de risque de la forme génétique de la maladie.

Or une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Medicine, suggère que les copies doubles de ce gène ne seraient pas seulement un facteur favorisant la maladie d’Alzheimer, mais bel et bien la cause de la maladie dans certains cas.

95 % des patients porteurs du gène double APOE4 ont développé l’Alzheimer

Pour arriver à ce constat, les chercheurs du Gladstone Institute of Neurological Disease, aux Etats-Unis, ont analysé les données de 3.300 patients atteints d’Alzheimer décédés et les biomarqueurs de quelque 10.000 autres patients atteints d’Alzheimer vivants, recueillis dans plusieurs établissements médicaux. Ils ont observé que 800 des participants à l’étude présentaient deux copies du gène APOE4 (l’une d’origine maternelle, l’autre d’origine paternelle), et que pratiquement tous (95 %) avaient des niveaux élevés de plaques amyloïdes – un des marqueurs de diagnostic de l’Alzheimer – dans leur liquide cérébral à l’âge de 65 ans, soit dix plus tôt que la moyenne. Ce qui indique que "la maladie était complètement pénétrante" chez ces patients, peut-on lire dans un communiqué.

Alors même que les personnes porteuses de gènes APOE4 homozygotes ne représentent que jusqu'à 3 % de la population mondiale, les résultats révèlent qu’entre 15 et 20 % des cas de maladies d’Alzheimer peuvent probablement être attribuables à des patients ayant deux copies de ce gène. Jusque-là, on pensait que seuls 2 % des cas avaient une cause génétique. C’est la preuve, selon l’équipe de chercheurs, que "les cas de maladies d’Alzheimer impliquant des gènes APOE4 homozygotes devraient être considérés comme un type unique d’Alzheimer, et pas seulement comme un facteur de risque".

Mieux comprendre le rôle des gènes dans la maladie d’Azheimer

Pour l’heure, les neurologues recommandent de ne pas faire de test génétique visant à identifier la présence des deux copies d'APOE4, étant donné qu'aucun traitement n'existe : savoir que l'on est porteur ne ferait que causer de l'inquiétude. Mais les résultats de l'étude pourraient encourager l'inclusion de jeunes porteurs dans les essais cliniques, afin d'améliorer la compréhension du rôle des gènes dans le développement de la maladie.