Lorsqu’un caillot de sang bouche une artère intracrânienne de gros calibre, il convient de réaliser une thrombectomie dans un délai de 6 heures après l’accident vasculaire cérébral (AVC). Cette intervention radiologique vise à déboucher l’artère cérébrale responsable de l’infarctus afin de rétablir la circulation sanguine. Mais, "l'utilisation de la thrombectomie chez les patients souffrant d'un accident vasculaire cérébral aigu et d'un infarctus important n'a pas été bien étudiée", selon des neurologues et neuroradiologues de l'Hôpital Gui de Chauliac à Montpellier (France).
AVC : un score plus faible sur l'échelle de Rankin qui évalue le handicap de patients
C’est pourquoi ils ont décidé de mener une étude, publiée dans la revue New England Journal of Medicine, afin de déterminer comment améliorer les chances de survie des patients victimes d’un AVC. Dans le cadre des travaux, l’équipe a recruté 333 personnes présentant une occlusion d'un vaisseau cérébral proximal dans la circulation antérieure et un infarctus important détecté à l'imagerie par résonance magnétique (IRM) ou à la tomodensitométrie dans les 6,5 heures suivant l'apparition des symptômes. Pour les besoins des recherches, 166 participants ont été assignés à subir une thrombectomie endovasculaire et à recevoir des soins médicaux. Le reste des volontaires a reçu uniquement des soins médicaux.
En raison des résultats d'essais similaires favorisant la thrombectomie, l'essai a été interrompu prématurément. Les auteurs ont constaté qu'environ 35 % des patients ont reçu un traitement par thrombolyse (une injection d’un médicament ayant pour but de dissoudre le caillot). Le score médian sur l'échelle de Rankin (qui permet d’évaluer le handicap de patients en phase aiguë de récupération post-AVC) modifiée à 90 jours était de 4 dans le groupe ayant bénéficié d’une thrombectomie endovasculaire et de 6 dans le groupe contrôle.
La thrombectomie est liée à "une amélioration fonctionnelle après 6 mois de rééducation"
"À la grande surprise de l’ensemble de la communauté scientifique médicale internationale, l’essai thérapeutique s’est avéré très fortement positif avec une réduction du risque absolu de décès de 20 % et une amélioration fonctionnelle surprenante ramenant à la maison un patient sur 5 après 6 mois de rééducation", peut-on lire dans le communiqué du CHU de Montpellier. En revanche, le pourcentage de patients présentant une hémorragie intracérébrale symptomatique était de 9,6 et 5,7 %, respectivement. Onze complications liées à la procédure ont été rapportées dans le groupe ayant bénéficié d’une thrombectomie.
"Nous sommes très fiers de nos équipes mais aussi d'avoir su fédérer sur cette initiative la quasi-totalité des CHU Français avec pour résultat un changement de la pratique médicale dans le monde. L'étude IN EXTREMIS continue de se développer en Espagne, mais aussi aux Etats-Unis, pour continuer de repousser les limites des indications actuelles de prise en charge par revascularisation mécanique des AVC", ont déclaré Vincent Costalat et Caroline Arquizan, docteurs et auteurs des travaux.