Vieillir avec le sida, c'est aujourd’hui possible. Grâce à la découverte, et à l'amélioration des traitements antirétroviraux, le nombre de personnes séropositives de plus de 50 ans ne cesse de croître. Et ce jeudi, une nouvelle étude américaine vient démontrer que l'espérance de vie des Canadiens et des Américains souffrant du VIH approche désormais celle de la population générale.
+ 15 ans d'espérance de vie pour les malades
En effet, pour parvenir à cette conclusion, le Dr Julio Montaner, directeur du Centre d'excellence en matière de VIH/sida (Colombie-Britannique) a suivi une cohorte de milliers de Nord-Américains malades du sida. En comparant les participants de cette cohorte en fonction de l'année de découverte de la maladie, le chercheur a estimé qu'en 2000, un jeune homme âgé de 20 ans recevant un diagnostic de VIH pouvait s'attendre à vivre pendant encore 36 ans. En 2006, ce total était passé à 51 ans. De ce fait, Julio Montaner fait remarquer que les jeunes de 20 ans qui découvrent leur maladie aujourd'hui peuvent espérer vivre jusqu'à 70 ans.
En commentaire, le chercheur américain confie : « Je ne crois pas, en toute honnêteté, qu'il existe un domaine de la médecine ayant subi une telle révolution au cours de notre existence comme ce fut le cas pour le VIH. » En revanche, dans le domaine des conditions de vie, un fossé demeure entre les personnes vivant avec le VIH et le reste de la population.
Des femmes avec des revenus plus faibles que les hommes
Plusieurs études ont été récemment menées pour dresser une photographie de ce phénomène. Celle du cabinet Plein Sens, réalisée pour la Direction générale de la santé et publiée en avril 2013, montre que la situation des sexagénaires séropositifs est plus enviable que celle de moins de 60 ans : plus de propriétaires, moins de bénéficiaires de la CMU, et des revenus plus importants. Cependant, pour les femmes, le niveau de ressources est significativement plus faible à l’âge de la retraite, mais c’est une situation que l’on retrouve aussi en population générale.
Par ailleurs, le système de protection sociale à la française les protège d’une exclusion des soins. Une autre étude, conduite à la même période par l’association Aides, dresse un tableau plus contrasté de la situation. L’enquête, menée en grande partie auprès de femmes de plus de 50 ans, fait état de revenus très faibles. Ces différences s’expliquent sans doute par le fait que les plus de 60 ans ont été infectées alors qu’elles avaient déjà plus de 30 ans et une situation professionnelle bien engagée. Les quinquagénaires ont, elles, été touchées plus jeunes, et la maladie a donc eu un effet plus destructeur.
2 personnes sur 3 vivent seules
En revanche, toutes les études soulignent un très fort isolement des personnes âgées vivant avec le VIH/sida. Les ruptures professionnelles, mais aussi parfois familiales, du fait de l’annonce de la séropositivité, ressortent systématiquement. Dans l’enquête d’Aides, « VIH, hépatites, et vous ? » de 2010, on constate que 72,3 % des personnes vivant avec le VIH âgées de plus de 50 ans se déclarent célibataires ou seules.