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Risque alimentaire

Listériose : un risque de contamination même avec les fromages vegan ?

Par le Dr Caroline Pombourcq

Le risque de survenue de listériose à cause de fromages vegan est plus important que pour les fromages au lait animal.

a_namenko/iStock
Les fromages végétaux ou vegan peuvent être contaminés par la bactérie listeria monocytogenes responsable de la listériose. La prolifération serait d’ailleurs plus importante que dans les fromages laitiers.
La listériose peut se manifester par des symptômes digestifs plus ou moins graves, mais aussi des infections sévères (méningo-encéphalite, septicémie) pouvant conduire au décès.
Chez les personnes à risque (sujets âgés ou immunodéprimés, atteints d’une cirrhose, d’un cancer, d’un diabète, ayant été greffés, femmes enceintes...), le risque de contamination est plus important.

Auparavant utilisés comme une valeur sûre, les fromages vegan seraient finalement plus à risque de contamination que les fromages laitiers par la bactérie responsable de la listériose.

Listériose : une contamination grandissante

Entre avril et décembre 2022 en France, ce sont quatre femmes enceintes et une personne immunodéprimée qui ont été infectées par la bactérie Listeria monocytogenes, à l’origine de la listériose.

Et comme l’indique l’institut Pasteur sur son site, une alerte lancée en Europe a permis l’identification de 3 cas supplémentaires en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas, survenus après consommation de fromages vegan.

Une analyse coordonnée par le centre national de référence Listeria, Santé publique France et la direction générale de l’alimentation, en collaboration avec des experts belges, allemands et néerlandais, a mis en évidence l’existence d’une véritable épidémie de listériose après consommation de fromage vegan (ou végétaliens).

Fromage vegan et fromage laitier : quelles différences ?

Le fromage végétalien ou vegan est fabriqué avec à partir de lait végétal (amande, noix de cajou, noix de coco…). Ces substituts végétaux imitent les fromages laitiers. Jusque-là, ne contenant pas de produit animal, ils étaient considérés comme non porteurs de micro-organismes pathogènes comme la listeria monocytogenes.

Mais une étude menée en Irlande avait déjà démontré que la listeria proliférait plus vite dans les laits d’origine végétale que dans les laits d’origine bovine.

La listériose, une infection grave d’origine alimentaire

La listériose est une maladie infectieuse qui se caractérise par une origine alimentaire. Elle est due à la prolifération d’une bactérie nommée Listeria monocytogenes.

Cette infection peut prendre la forme d’une septicémie (infection générale grave de l’organisme) ou d’une atteinte neurologique appelée neuro-listériose.

Elle est la cause de décès dans 30 à 45 % des cas et peut être responsable chez la femme enceinte d’avortement, d’accouchement prématuré et d’infection néonatale sévère (transmission par le placenta).

La bactérie se multiplie lentement à 4 degrés (température du réfrigérateur). Elle n’altère pas le goût des aliments donc passe facilement inaperçue.

Elle peut contaminer les produits laitiers (notamment les fromages à pâte molle et au lait cru), les charcuteries (pâté, rillettes), les poissons fumés, certains végétaux, et la viande crue ou peu cuite. 


La listériose, des symptômes polymorphes

La maladie peut se présenter sous des formes digestives avec des douleurs abdominales, des diarrhées et souvent un syndrome grippal associant fièvre, douleurs musculaires et maux de tête. La période d’incubation (délai entre la contamination et l’apparition des symptômes) de la listériose d’allure digestive est de quelques heures à 4 jours.

Les autres manifestations possibles de la listériose peuvent être septicémiques (l’infection gagne tout l’organisme via le sang), au niveau du système nerveux central (méningo-encéphalite) ou materno-néonatale chez l’enfant via la mère. Dans ce cas, l’incubation va de quelques jours (septicémie, méningo-encéphalite) à 1 ou 2 mois (formes materno-néonatales). Sont concernés principalement les personnes immunodéprimées (sous traitement immunosuppresseur, atteintes d’un cancer, ayant subi une greffe d’organe ou porteuses d’une cirrhose ou d’un diabète), les personnes âgées, les femmes enceintes et les nouveau-nés.

Chez les femmes enceintes, l’infection de la mère peut passer inaperçue et se traduire par une légère fièvre isolée ou des contractions utérines. Parfois, l’infection aboutit à un avortement spontané, un accouchement prématuré ou la mort du fœtus. Le nouveau-né peut présenter une infection sévère avec une septicémie, une infection pulmonaire, neurologique et cutanée. L’infection peut provoquer une prématurité qui est un facteur aggravant de l’infection.

Quelles mesures de prévention ?

Les recommandations habituelles sont, surtout pour les personnes à risque, d’éviter de consommer des produits laitiers non pasteurisés ou UHT, comme le fromage au lait cru, la charcuterie, la viande crue ou peu cuite…

Mais compte tenu des dernières données épidémiologiques, les fromages vegan ne semblent plus aussi sûrs que nous le pensions. Comme ils ne subissent en général pas de pasteurisation, une étape d’hygiène permettant de mieux conserver l’aliment en éliminant les microorganismes, ils peuvent donc être contaminés par la bactérie responsable de la listériose. Ce qui laisse penser que les recommandations devraient probablement changer.