- Un gel à base de lactosérum, de fer et d’or a été mis au point par des chercheurs de l'ETH Zurich pour convertir l'alcool en acide acétique.
- Ce dernier "déplace la décomposition de l'alcool du foie vers le tube digestif."
- Chez les souris, son application a permis de réduire de 40 % leur taux d'alcoolémie.
"L’élaboration de remèdes efficaces pour diminuer l'impact de la prévalence de l'alcool sur la santé mondiale est un sujet difficile. Malgré les effets positifs observés avec l’administration de traitements par voie intraveineuse, leurs activités insuffisantes et leur utilisation compliquée entraînent souvent l'accumulation d'acétaldéhyde nocif, ce qui soulève d'importantes préoccupations cliniques, soulignant le besoin pressant de stratégies orales sûres", ont déclaré des chercheurs de l'ETH Zurich (Suisse).
Du lactosérum, du fer, de l’or dans le gel pour convertir l'alcool en acide acétique
Dans une récente étude, ils ont ainsi présenté une solution efficace pour réduire les effets nocifs et intoxicants de l'alcool. Les chercheurs ont développé un gel qui décompose l'alcool dans le corps. Dans le détail, ils ont utilisé des protéines de lactosérum (à savoir le liquide jaune pâle qui reste après la coagulation du lait durant la fabrication du fromage) pour produire le gel. L’équipe les a fait bouillir pendant plusieurs heures pour former de longues et fines fibres. En ajoutant du sel et de l'eau comme solvant, les petites fibres "se réticulent" et forment un gel.
Pour favoriser la décomposition de l’alcool, les auteurs ont utilisé des atomes de fer, comme principal catalyseur, répartis uniformément sur la surface des fibres de protéines. Grâce au fer, les fibres peuvent réagir efficacement avec l'alcool et le transformer en acide acétique. "De minuscules quantités de peroxyde d'hydrogène sont nécessaires pour déclencher cette réaction dans l'intestin. Elles sont générées par une réaction en amont entre le glucose et les nanoparticules d'or. L'or a été choisi comme catalyseur du peroxyde d'hydrogène parce que ce métal précieux n'est pas digéré et reste donc efficace plus longtemps dans le tube digestif", ont-ils ajouté.
Alcool : le gel protéique réduit le taux d’alcoolémie des souris
"Le gel déplace la décomposition de l'alcool du foie vers le tube digestif. Contrairement à ce qui se passe lorsque l'alcool est métabolisé dans le foie, aucun acétaldéhyde nocif n'est produit", a expliqué Raffaele Mezzenga, qui a participé à la fabrication du gel. L’équipe a spécifié que le gel n’était efficace que tant qu'il reste de l'alcool dans le tractus gastro-intestinal. Cela signifie qu'il n’agit plus une fois que l'alcool est passé dans la circulation sanguine.
Dans le cadre des travaux, publiés dans la revue Nature Nanotechnology, les scientifiques ont testé l’efficacité du gel protéique sur des souris auxquelles on avait administré de l'alcool une seule fois et sur des rongeurs auxquels on avait administré de l'alcool régulièrement pendant dix jours. Trente minutes après l'ingestion d'une seule dose d'alcool, l'application du gel a permis de réduire de 40 % le taux d'alcoolémie des souris. Cinq heures après la prise d'alcool, leur taux d'alcoolémie a baissé de 56 % par rapport au groupe témoin. L'acétaldéhyde nocif s'est moins accumulé et les réactions de stress dans le foie des animaux ont été considérablement réduites, ce qui s'est traduit par de meilleurs résultats sanguins.
À l'avenir, le gel pourrait être pris par voie orale avant ou pendant la consommation d'alcool afin d'empêcher l'augmentation du taux d'alcoolémie et les dommages causés à l'organisme par l'acétaldéhyde. "Il est plus sain de ne pas boire d'alcool du tout. Cependant, le gel pourrait être particulièrement intéressant pour les personnes qui ne veulent pas renoncer complètement à l'alcool, mais qui ne veulent pas mettre leur corps à rude épreuve et qui ne recherchent pas activement les effets de l'alcool", ont conclu les chercheurs.