- Certaines pathologies ou certains accidents peuvent faire perdre définitivement la capacité de parler.
- Pour aider ces personnes à communiquer, des chercheurs ont conçu un système capable de décoder les mots émis uniquement dans la tête avec un degré de précision jamais atteint auparavant.
- Des réseaux de microélectrodes ont ainsi été implantés dans le cerveau de deux hommes atteints de tétraplégie.
C’est une petite révolution qui pourrait aider un grand nombre de personnes ayant perdu l’usage de la parole. Une équipe de chercheurs a mis au point un système capable de décoder les mots émis uniquement dans la tête avec un degré de précision jamais atteint auparavant.
L’interface testée sur 8 mots
Pour ce faire, des réseaux de microélectrodes ont été implantés dans le cerveau de deux hommes atteints de tétraplégie (paralysie des quatre membres), l'un âgé de 33 ans et l'autre de 39 ans. Les scientifiques ont ciblé leur cortex somatosensoriel primaire et le gyrus supramarginal (SMG), une région du cerveau qui n'avait jamais été explorée pour ce type d’étude.
L'interface a été testée sur six mots existants (champ de bataille, cow-boy, python, cuillère, natation, téléphone) et deux mots inventés ("nifzig", "bindip"), afin de déterminer si les paroles devaient avoir un sens pour que le système fonctionne efficacement. Les participants ont vu chaque mot sur un écran, puis les entendus prononcés. Ensuite, ils ont été invités à imaginer qu'ils disaient le même mot pendant 1,5 seconde.
Le dispositif a permis aux chercheurs de décoder, en temps réel, l'activité du SMG pendant que les participants pensaient à chaque mot. Pour l'un des participants, la précision a atteint 79 %, "à peine moins que le décodage de la parole vocale", expliquent les membres de l’équipe de recherche dans une note. "Pour l'autre participant, la précision a été de 23 %".
La nouvelle technologie doit encore être affinée
"Cette technologie pourrait être particulièrement utile pour les personnes qui n'ont plus aucun moyen de mouvement", a déclaré la directrice de l’étude Sarah Wandelt. "Je pense par exemple au syndrome d'enfermement", a-t-elle ajouté.
La nouvelle technologie devra encore être affinée puis testée sur un groupe plus important de personnes et en utilisant plus de mots, mais l'étude démontre que le SMG est une région cérébrale prometteuse à cibler.
"Cette étude est importante car il s'agit, à ma connaissance, de la première réalisation d'une interface cerveau-ordinateur de parole en temps réel basée sur des enregistrements d'unités dans le SMG", a commenté Blaise Yvert, de l'Institut des neurosciences de Grenoble.
L'étude est parue dans la revue Nature Human Behavior.