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Système immunitaire

Diabète de type 1 : un virus à l’origine de la maladie ?

Par Stanislas Deve

Le diabète de type 1 serait déclenché par un banal virus, le Coxsackie B, qui brouille le système immunitaire et le conduit à détruire les cellules du pancréas, selon une étude.

Halfpoint / istock
Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune qui se caractérise par un dysfonctionnement du pancréas qui ne secrète pas assez d’insuline. D’après une nouvelle étude, ce dysfonctionnement pourrait être causé par un virus, le Coxsackie B.
Le virus peut tuer spécifiquement les cellules pancréatiques. Une agression qui génère une inflammation des tissus, que le système immunitaire, "brouillé", va considérer comme une menace. Résultat, l’organisme va produire des anticorps pour détruire les cellules du pancréas, d’où l’apparition du diabète.
Grâce à cette découverte, les chercheurs espèrent aboutir à la création d’un vaccin pour prévenir les infections au Coxsackie B et ainsi le diabète de type 1 chez les enfants.

Le diabète de type 1, qui représente 10 % des cas de diabète et affecte environ 300.000 personnes en France, est une maladie auto-immune qui se déclare le plus souvent avant l’âge de 20 ans. Elle se caractérise par un dysfonctionnement du pancréas qui ne secrète pas assez d’insuline, l’hormone indispensable pour réguler la glycémie (le taux de glucose dans le sang).

Si l’origine de ce dysfonctionnement restait jusqu’ici mystérieuse, une équipe de médecins de l’hôpital Cochin, à Paris, vient de découvrir que cela pourrait être causé par un virus, en l’occurrence le Coxsackie B. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Science Advances.

Le virus tue les cellules du pancréas censées produire de l’insuline

Bien connu des scientifiques, Coxsackie B est un type de virus appartenant à la famille des entérovirus, qui inclut également des virus comme le poliovirus et l'entérovirus D68. Il se transmet principalement par voie fécale-orale (contact avec des selles contaminées, souvent à travers des mains non lavées ou des surfaces contaminées), mais également par voie respiratoire.

Le virus Coxsackie B est à l’origine de banales infections, en particulier chez l’enfant, se manifestant par des symptômes grippaux ou de gastroentérite qui disparaissent souvent spontanément. Parmi les enfants qui contractent ce virus, certains développent un diabète de type 1, d’autres non. Comment expliquer une telle disparité ?

En examinant en laboratoire (in vitro) la manière dont se comportait Coxsackie B dans l’organisme d’enfants diabétiques, ils ont constaté que le virus était capable de tuer spécifiquement les cellules pancréatiques chargées de produire de l’insuline (les cellules ß des îlots de Langerhans). "Une mort accrue des cellules ß était apparente au bout de 8 heures", soulignent les chercheurs. Une agression qui génère une inflammation des tissus... que les lymphocytes T (cellules du système immunitaire), "brouillés", vont considérer comme une menace. Résultat, l’organisme se met à produire des anticorps en vue de détruire les cellules ß du pancréas, d’où l’apparition du diabète.

Vers un futur vaccin pour prévenir le diabète de type 1 ?

Cette découverte a permis aux médecins de mener des essais cliniques pour tenter de booster le système immunitaire des enfants infectés par le virus Coxsackie B. Ils ont réussi, pour l’instant, à retarder l’apparition du diabète de 2 à 3 ans grâce à un médicament, d’après les informations de RTL. A terme, les chercheurs espèrent aboutir à la création d’un vaccin pour prévenir les infections au Coxsackie B et ainsi le diabète de type 1 chez les enfants.